L’ONU exprime de « sérieuses inquiétudes » sur le respect du droit de la guerre par Israël
À la lumière d’une enquête sur six bombardements menés par Israël depuis le 7 octobre 2023, le Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU a estimé que des questions se posent quant au respect par l’armée israélienne des principes de distinction, de proportionnalité et de précaution.
L’ONU a fait état mercredi « de sérieuses inquiétudes » sur le respect du droit de la guerre par l’armée israélienne. Une enquête a été menée sur six bombardements « emblématiques » dans la bande de Gaza l’année dernière qui ont fait au moins 218 morts, et qui ont provoqué « une destruction généralisée de biens civils, soulevant de sérieuses inquiétudes au regard du droit de la guerre, sur les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution ». Dans un communiqué envoyé par la représentation israélienne à Genève, « l’État d’Israël rejette fermement les conclusions et les assertions factuelles présentées » par l’ONU.
« L’obligation de choisir des moyens et des méthodes de guerre qui évitent ou, à tout le moins, minimisent dans toute la mesure du possible les dommages causés aux civils semble avoir été systématiquement violée lors de la campagne de bombardements d’Israël », a déclaré le Haut-Commissaire aux droits de l’homme Volker Türk, dans un communiqué.
S’exprimant par liaison vidéo en conférence de presse, Ajith Sunghay, le représentant de l’ONU pour les droits humains dans les territoires palestiniens, a spécifié qu’Israël avait « lancé des initiatives dans cinq des six attaques pour établir les faits », estimant que « ce n’est pas suffisant ». « Nous n’avons toujours pas vu d’enquêtes crédibles et transparentes sur ces incidents », a ajouté une porte-parole du Haut-Commissariat, Ravina Shamdasani.
Le rapport détaille les six attaques qui ont impliqué, selon l’ONU, « l’utilisation présumée de bombes GBU-31 (1 tonne, 2.000 livres), GBU-32 (500 kilogrammes, 1 000 livres) et GBU-39 ( 125 kg, 250 livres) du 9 octobre au 2 décembre 2023 sur des immeubles résidentiels, une école, des camps de réfugiés et un marché ». Le Haut-Commissariat « a vérifié 218 décès dus à ces six attaques et a déclaré que les informations reçues indiquaient que le nombre de morts pourrait être beaucoup plus élevé ».
Selon l’ONU, ce type d’attaques, lorsqu’elles sont commises dans le cadre d’une offensive généralisée et systématique contre une population civile, « peut impliquer des crimes contre l’humanité ».
Israël accuse le Hamas de chercher à « maximiser les dommages causés aux civils »
Interrogée sur les raisons qui ont poussé l’ONU à ne pas examiner l’incident du 17 octobre à l’hôpital Ahli Arab, à Gaza-ville, Ravina Sunghay a expliqué que les six attaques ont été choisies car l’ONU disposait « de beaucoup plus d’informations ». Le Hamas avait initialement parlé de centaines de morts dans cette attaque et avait accusé Israël. Mais Tsahal a imputé la responsabilité de ce massacre au tir d’une roquette du Jihad islamique, une affirmation appuyée par les États-Unis. Des sources des renseignements occidentaux suggèrent un bilan très inférieur à celui avancé par le Hamas.
La porte-parole du Haut-Commissaire aux droits de l’homme a expliqué que le rapport « se concentre assez fortement sur Israël, principalement parce que les armes » utilisées dans les attaques « ne sont pas en possession des groupes armés palestiniens ». En outre, a-t-elle dit, les « missiles tirés » par les groupes armés palestiniens, qui sont « totalement inacceptables », « n’ont pas causé un nombre significatif de morts pendant la guerre ».
Le communiqué de la représentation israélienne affirme que « le seul objectif » du rapport est « de fustiger et d’isoler Israël » et déplore qu’il « n’aborde pas la stratégie délibérée du Hamas visant à maximiser les dommages causés aux civils » en implantant « systématiquement et illégalement ses moyens militaires dans des zones habitées ».
Le Haut-Commissariat « s’est fait l’écho du discours du Hamas et a diffusé des allégations infondées », a dénoncé Meirav Eilon Shahar l’ambassadrice israélienne auprès de l’ONU.
(Avec AFP)
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