Guinée : l’opposition refuse le dialogue avec Dadis Camara

L’opposition guinéenne a exigé mardi, comme préalable au dialogue avec les militaires putschistes, le départ du chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, et l’arrestation des responsables du massacre du 28 septembre qui avait fait plus de 150 morts selon l’ONU.

Publié le 6 octobre 2009 Lecture : 2 minutes.

Le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur dans la crise guinéenne, avait proposé lundi à la junte et à l’opposition d’entamer "un dialogue politique" prochainement à Ouagadougou.

Réservant leur réponse, les principaux dirigeants de l’opposition se sont concertés mardi. Puis, au terme d’une réunion parfois houleuse, le Forum des forces vives (partis d’opposition, syndicats, société civile) a décidé qu’il ne participerait pas à une telle rencontre, tant que six de ses exigences ne seraient pas satisfaites.

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Sans refuser le dialogue, l’opposition place ainsi la barre très haut.

Le premier préalable cité est "le départ du chef de la junte, la dissolution du CNDD (Conseil national pour la démocratie et le développement, junte) et la mise en place d’un organe de transition qui désignera un gouvernement d’union nationale".

De jeunes officiers s’étaient emparés du pouvoir en décembre, au lendemain du décès du dictateur Lansana Conté qui dirigeait la Guinée depuis 1984.

Neuf mois après, le 28 septembre, les forces de défense et de sécurité ont réprimé dans un bain de sang un immense rassemblement de sympathisants de l’opposition pour dire "non" à la probable candidature du capitaine Dadis Camara à la présidentielle prévue début 2010.

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Selon l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’Homme, 157 personnes ont alors été tuées et 1. 200 blessées dont plusieurs dizaines de femmes publiquement violées par des soldats. La junte a présenté un bilan officiel de "56 civils tués".

Au nombre de ses préalables, l’opposition exige "la mise en état d’arrestation des responsables qui ont conduit les opérations au stade (. . . ) et sont nommément identifiés par plusieurs témoins, et leur traduction en justice".

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Elle exige également "la restitution de toutes les dépouilles mortelles à leurs familles", la "libération sans condition de toutes les personnes arrêtées" et même "la sécurisation de la population civile, des leaders politiques et sociaux ainsi que des diplomates".

Au terme de la visite de M. Compaoré, lundi, le capitaine Moussa Dadis Camara n’avait pas fait de commentaire.

Mais son conseiller spécial, Idrissa Cherif, a assuré mardi matin à l’AFP qu’il était "disposé à accepter toutes les propositions du médiateur".

Ce conseiller a par ailleurs répété que la junte comptait mettre en place "une commission nationale et internationale d’enquête pour faire la lumière sur les évènements du 28 septembre".

"Il faut situer les différentes responsabilités, de la part de ceux qui ont organisé une marche interdite et de la part de ceux qui ont tiré", a dit M. Cherif, ajoutant aussitôt: "De toute façon, on ne sait pas qui a tiré, qui n’a pas tiré. On ne sait pas qui a fait quoi, si ce n’était pas un sabotage pour saper le régime. . . ".

Mais la junte se trouve, plus que jamais, sous la pression de la communauté internationale.

La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a affirmé mardi soir que les Etats-Unis étaient "horrifiés et scandalisés" par les violences en Guinée, en particulier les meurtres et les viols menés par les forces gouvernementales.

Quant à l’Union européenne, elle prépare des sanctions ciblées contre les auteurs des violences et promet d’être en "contact étroit" avec Blaise Compaoré pour trouver une "solution pacifique et durable".

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