FMI-G20 : l’Afrique peine à se faire entendre

L’Afrique essaie de faire comprendre aux grandes institutions qu’on doit lui laisser la parole pour régler efficacement ses problèmes. Une entreprise pas toujours facile…

Publié le 6 octobre 2009 Lecture : 3 minutes.

Les pays les plus pauvres de la planète, surtout africains, cherchent mais peinent à se faire entendre des grandes organisations internationales comme le G20, nouveau club mondial des décideurs économiques, ou le Fonds monétaire international.

"Il faut qu’il y ait au moins une place pour le presque milliard d’Africains qui ont besoin d’être entendus", a expliqué dimanche à Istanbul le ministre camerounais des Finances, Lazare Essimi Menye, lors d’une conférence de presse en marge des assemblées annuelles du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale.

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"Le nombre de places est limité", a-t-il reconnu, mais "nos partenaires devraient accepter que nous sommes les mieux placés pour leur expliquer ce qui pourrait être le mieux pour l’Afrique".

Un dette encore trop lourde

Le ministre camerounais s’exprimait au nom du groupe des pays pauvres très endettés (PPTE), "lobby" des plus démunis au sein du FMI pour négocier une réduction de la dette.

Complètement éclipsés depuis un an par la crise des pays riches, ce sujet et celui de l’aide publique au développement n’ont pas eu un grand écho à Istanbul.

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Le FMI a rappelé à Istanbul l’annonce faite en juillet du renforcement de son aide aux pays pauvres, avec l’annulation jusqu’à fin 2011 du paiement des intérêts qu’ils lui doivent et l’accroissement considérable des prêts à leur intention.

Selon les 186 Etats membres du Fonds, cela devrait "satisfaire les besoins croissants de financement des pays à faible revenu, avec une considération pour le caractère soutenable de leur dette".

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La France et la Grande-Bretagne ont choisi de transférer 4 milliards de dollars en Droits de tirage spéciaux (DTS, l’unité de compte du FMI) à ces prêts aux pays pauvres, sans les leur verser directement.

Si la dette s’est réduite de manière "considérable", d’après les PPTE, sa charge pèse encore lourdement.

Un tiers du budget pour apurer la dette

"Un tiers de notre budget est consacré à l’apurement de la dette", a ainsi souligné lors d’une conférence de presse le ministre ivoirien des Finances, Charles Koffi Dybi. "C’est énorme, et ça ne nous permet pas de nous développer", a-t-il ajouté. La Côte d’Ivoire est l’un des 35 pays, dont 29 africains, membres de ce groupe.

Les pays africains ont été particulièrement touchés par la crise économique, qui a vu chuter les prix des matières premières, dont le continent est un grand producteur, et les envois de fonds par les émigrés africains. En conséquence, la croissance de l’Afrique subsaharienne devrait se limiter cette année à environ 1% contre 5,25% en 2008, a souligné à Istanbul la directrice du département Afrique au FMI, Antoinette Sayeh.

Du coup, la lutte contre la pauvreté a marqué le pas, même si les gouvernements africains ont plutôt bien réagi à la crise par des politiques budgétaires appropriées, a souligné Mme Sayeh.

"Une nouvelle crise de la dette est en préparation"

Les pays africains veulent croire qu’en dépit de l’amélioration économique attendue, y compris sur leur continent, les pays riches honoreront leur promesse faite en avril d’augmenter de 20 milliards de dollars par an leur aide à l’Afrique d’ici à 2010. "Nous continuons à penser que ces promesses sont sérieuses et vont être matérialisées par la mise à disposition de financements appropriés", a affirmé sur ce point le ministre camerounais des Finances.

Ils regrettent en revanche que les "financements fournis par les banques multilatérales de développement ont davantage consisté en une accélération des décaissements plutôt qu’en une allocation de nouvelles ressources", selon le communiqué des pays pauvres très endettés.

De plus, remarque Caroline Pearce, de l’organisation non gouvernementale Oxfam, "au moins 90% de l’aide que les pays pauvres ont reçue de la Banque mondiale et du FMI devront être remboursés".

"Une nouvelle crise de la dette est en préparation", a-t-elle averti dans un communiqué.

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