El-Baradei président ?

L’opposition courtise Mohamed ElBaredei pour la présidentielle de 2011. Problème : le directeur général sortant de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ne semble pas intéressé…

Publié le 6 octobre 2009 Lecture : 3 minutes.

L’opposition égyptienne espère convaincre Mohamed ElBaradei, le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), de briguer la présidence égyptienne en 2011 et d’affronter le président sortant Hosni Moubarak ou son fils Gamal.

Une telle candidature donnerait une visibilité exceptionnelle à l’opposition égyptienne face au Parti national démocratique (PND), qui domine le système en place.

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Mais ces espoirs se heurtent à de mutiples obstacles juridiques, et surtout aux réticences du chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique lui-même.

M. ElBaradei, prix Nobel de la Paix en 2005, a acquis une notoriété mondiale pour s’être opposé aux arguments américains sur un programme atomique irakien pour lancer la guerre contre Bagdad en 2003, qui se sont révélés faux.

"Comité populaire de soutien à ElBaradei"

Le directeur général de l’AIEA, qui doit quitter son poste en novembre, est également l’un des principaux acteurs dans le dossier du programme nucléaire iranien controversé.

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Des membres de la jeune garde du parti libéral al-Wafd se proposent d’intégrer M. ElBaradei dans l’instance dirigeante de ce parti afin qu’il puisse se porter candidat.

La loi égyptienne prévoit en effet la possibilité de se présenter pour les personnes membres depuis au moins un an d’une instance dirigeante d’un parti fondé au moins cinq ans avant les élections.

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L’autre voie possible –être appuyé par 250 élus dont au moins 65 membres de l’Assemblée nationale, 25 du Conseil consultatif (sénat) et au moins 10 membres des conseils municipaux– est exclue en raison de la domination du parti au pouvoir sur le Parlement et les municipalités.

"Nous avons formé ‘un comité populaire de soutien à ElBaradei’ et nous allons nous mobiliser pour le faire élire dans l’instance dirigeante du parti", affirme à l’AFP le coordinateur de ce comité, Mohamed Salah El-Cheikh.

"Tourner la page du despotisme et de la corruption"

"Nous pensons pouvoir mobiliser les Egyptiens autour d’ElBaradei, il est accepté par les islamistes, par la gauche et par les libéraux", ajoute ce cadre du parti al-Wafd.

"Nous souhaitons qu’il soit élu pour un seul mandat avec pour unique mission l’élaboration et l’adoption d’une nouvelle Constitution qui garantirait une réelle séparation des pouvoirs et établirait un Etat de droit", poursuit ce militant de 39 ans.

"Nous voulons tourner la page du despotisme et de la corruption", poursuit-il.

"La jeunesse du parti a effectivement suggéré d’intégrer ElBaradei dans l’instance dirigeante pour qu’il puisse être candidat à la présidentielle", a confirmé le chef du parti Mahmoud Abaza, qui ne semble pourtant pas très enthousiaste.

"C’est trop tôt et le parti doit d’abord décider s’il participera à la présidentielle ou la boycottera", a-t-il dit à l’AFP.

L’ombre de Gamal Moubarak

Le mouvement Kefaya ("Assez") qui s’était rendu célèbre en 2005 par des manifestations inédites réclamant le départ du président Moubarak (81 ans), tente également, mais "sans succès jusqu’à présent", de convaincre le chef de l’AIEA, selon un de ses dirigeants qui a requis l’anonymat.

Interrogé par l’AFP, le service de presse de M. ElBaradei à Vienne, où siège l’AIEA, a indiqué que ce dernier ne souhaitait pas répondre aux questions sur ce sujet.

Selon la presse égyptienne, M. ElBaradei, 67 ans, aurait recommandé à ses interlocuteurs de l’opposition de "chercher un candidat plus jeune".

Alors que la presse désigne fréquemment Gamal Moubarak commme "l’héritier du pouvoir", le chef de l’Etat et son fils ont jusqu’ici gardé le flou sur leurs intentions.

Hosni Moubarak achève en 2011 son cinquième mandat de six ans. Son fils Gamal (44 ans), fréquemment cité pour lui succéder, se contente généralement de dire qu’il s’agit d’une "question hypothétique".

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