RDC : le salaire des députés, une polémique… Vital
Deux ans après le feu allumé par Martin Fayulu, le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, a procédé à une mise au point sur les émoluments de ses pairs. La société civile, elle, reste sceptique.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 20 juin 2024 Lecture : 2 minutes.
Vital Kamerhe a-t-il devancé l’iguane dans l’eau ? Alors que la vague de la polémique allumée par Martin Fayulu sur les émoluments des députés congolais s’est estompée, alors que les récentes élections ont été validées et que le gouvernement de Judith Suminwa Tuluka est enfin en ordre de bataille, le président de l’Assemblée nationale a tenu à mettre le point sur le « i » du mot « salaire ». « Je mets quiconque au défi de prouver que les députés touchent 21 000 dollars », a-t-il déclaré, en référence au montant évoqué par la tête de pont de la coalition Lamuka il y a… 22 mois.
Aujourd’hui à la tête de l’Assemblée, le miraculé de la politique congolaise a saisi l’occasion de la plénière clôturant la session ordinaire, le 15 juin, pour préciser les montants : « Un député national touche, tout avantage confondu, 14 millions de francs congolais [4 952 dollars ou 4 620 euros] et les chefs de division à peu près 5 millions de francs congolais. »
Pourquoi prendre le risque de relancer la polémique ? Vital Kamerhe tient-il à souligner les efforts budgétaires de l’institution qu’il pilote désormais, lui qui affirme que son équipe va « restreindre la tension salariale » ? Les inégalités de rémunération sont un fléau très fréquemment évoqué en RDC, alors même que le microcosme politique se devrait de donner l’exemple.
Bataille de chiffres avec la société civile
Invitant chacun à vérifier l’information jusque dans les méandres des virements bancaires, Vital Kamerhe affirme avoir divisé par deux les émoluments des députés nationaux afin d’équilibrer les écarts de rémunération entre élus et fonctionnaires de l’État. « Cessez d’inventer des histoires » et de « ternir l’image d’une aussi grande institution », s’est-il aussi agacé.
Fallait-il se garder de réveiller une société civile qui dort ? Pour les pourfendeurs des rémunérations politiciennes, c’est moins les montants annoncés qui font débat qu’une présumée opacité. Plusieurs organisations citoyennes sont allées plonger leur nez dans la loi de finance 2024. C’est le cas du Congo n’est pas à vendre (une coalition d’ONG congolaises et internationales spécialisées dans la lutte contre la corruption), mais aussi de la Lucha et de l’Observatoire de la dépense publique (Odep).
Cette dernière affirme que l’enveloppe globale pour la rémunération des députés nationaux est de plus de 140 milliards de francs congolais. D’après ses calculs, chacun des 500 élus de l’Assemblée gagne donc logiquement plus de 28 millions de francs congolais (près de 10 000 dollars) par mois, hors primes et frais spéciaux du « Fonds spécial d’intervention », et non les près de 5 000 dollars annoncés par Vital Kamerhe. Et le président de l’Odep de conclure : « La loi ne se change pas par des paroles, mais par la réalité. »
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