Le championnat libyen de football s’invite en Italie

C’est en Italie que se joue, à partir de ce 24 juin, la phase finale de la Premier League libyenne (jusqu’au 6 juillet). Les matchs se dérouleront dans trois villes de la Péninsule (Empoli, Pise et Florence), après un accord entre Rome et Tripoli. Un nouvel épisode des relations entre les deux pays dans de nombreux domaines, dont le football.

Ce n’est pas la première fois que la Fédération libyenne de football (LFF) délocalise la phase finale de la Premier League. © Olympia/SIPA

Ce n’est pas la première fois que la Fédération libyenne de football (LFF) délocalise la phase finale de la Premier League. © Olympia/SIPA

Alexis Billebault

Publié le 24 juin 2024 Lecture : 3 minutes.

Il n’est pas certain qu’en Italie, les amateurs du calcio se passionnent pour le championnat de Libye. La phase finale de la compétition libyenne se déroulera dans leur pays entre le 24 juin et le 6 juillet, et réunira les six premiers de la saison régulière (Al-Nasr, Al-Ahly Benghazi, Al-Ahly Tripoli, Al-Suwaihili, A-Madina et Al-Hila Benghazi).

D’abord parce que les tifosis transalpins privilégient logiquement le parcours de la Nationale lors de l’Euro 2024 en Allemagne, où elle défend le titre obtenu en 2021. Ensuite en raison du huis clos qui a été imposé pour les quinze matchs, même si certains privilégiés pourront accéder aux trois stades (Arena Garibaldi à Pise, Carlo-Castellani à Empoli, Viola Park, le centre d’entraînement de la Fiorentina à Florence) sur invitation. Tous les frais seront pris en charge par le gouvernement libyen, comme l’a précisé Abdul Shafi Al-Juwaifi, le ministre des Sports.

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Ce n’est pas la première fois que la Fédération libyenne de football (LFF) délocalise la phase finale de la Premier League, qui désignera le champion national. La Tunisie avait ainsi accueilli le tour final en 2022 et 2023, pour des raisons de sécurité. Cette année, l’instance a choisi l’Italie et la sublime Toscane.

Cette externalisation de quinze matchs du championnat libyen n’a évidemment pas pu se faire sans un accord préalable entre le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah, et son homologue italienne Giorgia Meloni. Cette dernière a multiplié les voyages en Afrique depuis qu’elle dirige le gouvernement italien, notamment à Tripoli. Une visite qui avait abouti à la signature en janvier 2023 d’un contrat entre la Compagnie nationale de pétrole libyenne NOC et la société Ente Nazionale Idrocarburi (ENI), dont l’État italien est actionnaire minoritaire, en échange d’investissements dans le pays d’Afrique du Nord à hauteur de 7 milliards d’euros.

Sur le plan sportif, et notamment footballistique, les relations entre l’Italie et la Libye ne sont pas non plus nouvelles. Deux Transalpins ont été sélectionneurs de l’équipe nationale libyenne, Eugenio Bersellini entre 1998 et 1999, et Francisco Scoglio en 2002. Mais surtout, les liens footballistiques se sont renforcés entre les deux pays avec Saadi Kadhafi, l’un des fils du Colonel Muammar Kadhafi. Le fils Kadhafi était attaquant en Libye, mais également international et président de fédération. Il a aussi joué plusieurs années en Italie, avec un succès tout relatif : d’abord un stage à la Lazio Rome au début des années quatre-vingt-dix, avant d’évoluer à Pérouse (2003-2005, 1 match), à Udinese (2005-2006, 1 match), et à la Sampdoria Gênes (2006-2007, zéro match).

Saadi Kadhafi, professionnel en Italie et actionnaire de la Juventus Turin

Saadi Kadhafi s’était surtout fait remarquer, outre quelques frasques peu glorieuses, en parvenant à convaincre les dirigeants du football italien de délocaliser au Stade du 11-Juin à Tripoli (renommé depuis « Stade International », ndlr) la Super Coupe 2002 opposant la Juventus Turin à Parme. Un an avant de fouler avec parcimonie les pelouses italiennes, il était devenu actionnaire, à hauteur de 7,5 %, de la prestigieuse Juventus en tant que représentant de la la Libyan and Arab Foreign Investment Company (LAFICO). Mais il avait dû renoncer à sa participation lors de sa signature à Pérouse en octobre 2003, en raison d’un point de règlement de la législation italienne interdisant à un joueur d’un club d’être dirigeant dans un autre.

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Le groupe pétrolier européen Tamoil, détenu plusieurs années par différentes entités de l’État libyen, et où la famille Kadhafi, dont Al-Saadi, possédait des intérêts, était même l’un des principaux sponsors de la Juve pour les matchs de Coupe d’Italie et les compétitions européennes, de 2005 à 2007.

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