Nucléaire iranien: des avancées mais rien de concret

Les représentants des six grandes puissances en charge du dossier nucléaire iranien ont obtenu jeudi des avancées notables lors d’une journée-marathon de pourparlers à Genève.

Publié le 2 octobre 2009 Lecture : 3 minutes.

Donnant satisfaction à l’une des principales demandes des "Six" (Chine, Russie, France, Etats-Unis, Royaume-Uni et Allemagne), l’Iran s’est engagé à donner un accès d’ici "deux semaines" à ce nouveau site d’enrichisement, dont l’existence n’a été révélée que la semaine dernière, a indiqué le représentant français Jacques Audibert.

A Vienne, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a annoncé dans la foulée que son directeur général sortant, Mohamed ElBaradei, se rendrait "prochainement" à Téhéran "à l’invitation des autorités iraniennes".

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L’Iran et les Six ont également trouvé un "accord de principe" permettant à "l’uranium faiblement enrichi en Iran (d’être) exporté dans d’autres pays pour être totalement enrichi", a annoncé le diplomate en chef de l’Union Européenne (UE), Javier Solana.

Cet accord reprend une proposition avancée la veille par le président iranien Mahmoud Ahmadinejad. La Russie et la France ont repris la balle au bond et se sont dites jeudi favorables à l’idée d’enrichir de l’uranium afin d’éviter que Téhéran ne le fasse.

"Il y a eu un arrêt dans les discussions depuis juillet 2008, mais j’ai le sentiment que cette fois-ci il n’y aura pas d’arrêt dans les discussions et qu’elles vont se poursuivre", s’est félicité le chef de la délégation iranienne Saïd Jalili.

 Depuis, New York, le ministre iranien des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki a lui aussi salué l’atmosphère "constructive" des entretiens.  Les délégations se sont d’ailleurs mises "d’accord pour intensifier le dialogue dans les prochaines semaines" et devraient se retrouver avant la fin du mois d’octobre, a expliqué M. Solana.

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Rien n’est joué

La journée de pourparlers, tenue dans une villa cossue de la banlieue de Genève, a également permis un tête-à-tête entre le chef de la délégation américaine, le sous-secrétaire d’Etat américain William Burns, et son homologue iranien. C’était la première rencontre bilatérale à ce niveau depuis la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays il y a une trentaine d’années.

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Le tour positif de la journée n’était pas gagné d’avance après la révélation de l’existence d’un site secret d’enrichissement d’uranium près de Qom, des tirs de missiles iraniens et de multiples déclarations contradictoires de Téhéran. Il est cependant improbable qu’une journée de discussions suffise à balayer les doutes des "Six", qui soupçonnent le programme d’être à des fins militaires, ce dont l’Iran se défend catégoriquement.

Excédées par des années de discussions stériles, les capitales occidentales avaient brandi la menace de nouvelles sanctions en cas d’échec à Genève, répétant que l’option militaire demeurait sur la table. Confronté à une crise politique intérieure et à des besoins économiques grandissants, Téhéran, habitué à gagner du temps sans rien lâcher, semble donc s’être montré cette fois plus conciliant.

Le négociateur iranien Jalili a cependant répété jeudi aux représentants des grandes puissances que Téhéran ne renoncerait jamais à ses "droits absolus" dans le cadre de son programme nucléaire, a rapporté l’agence de presse iranienne Isna.

Les Etats-Unis maintiennent la pression

Si pour le représentant français Jacques Audibert le but de la journée "n’était pas de parler de sanctions", Washington n’entend pas relâcher la pression.

Le président américain Barack Obama a jugé jeudi "constructives" les discussions menées avec l’Iran, mais a réclamé qu’elles soient suivies d’actes concrets de la part de la République islamique, faute de quoi il augmentera la pression sur elle.

"La rencontre d’aujourd’hui représente un début constructif, mais elle doit être suivie d’actes constructifs", a dit Barack Obama dans une déclaration à la Maison Blanche. La République islamique doit fournir aux inspecteurs internationaux un accès "sans restriction" à une site nucléaire dont l’existence jusqu’alors secrète vient d’être révélée et qui a renforcé le soupçon sur la finalité du programme nucléaire iranien, a-t-il dit. Elle doit aussi prendre des "mesures concrètes" pour donner à la communauté internationale la garantie que son programme nucléaire ne sert pas de couverture pour se doter de la bombe atomique, a-t-il dit.

Mais, a-t-il prévenu, "notre patience n’est pas illimitée". "Nous n’allons pas parler pour le plaisir de parler" et si l’Iran n’honore pas ses obligations internationales, "les Etats-Unis ne vont pas continuer à négocier indéfiniment, et nous sommes prêts à augmenter la pression", a-t-il averti.

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