Mokgweetsi Masisi : vaccins, diamants, « néocolonialisme vert »… Entretien vidéo avec le président du Botswana

C’était sa première visite officielle en France depuis son élection à la tête du Botswana, en 2018. Mokgweetsi Masisi, accueilli à Paris pour participer au forum mondial pour la souveraineté et l’innovation vaccinale organisé par l’Alliance pour le vaccin (Gavi), est intervenu aux côtés de ses homologues Nana Akufo Addo (Ghana), Paul Kagame (Rwanda) et Bassirou Diomaye Faye (Sénégal) pour défendre l’urgence de mettre en place un vrai marché du vaccin sur le continent. Avec, en ligne de mire, le chantier de la souveraineté vaccinale du continent.

À l’occasion de cette visite, Mokgweetsi Masisi a rencontré le président français Emmanuel Macron, avec lequel il a notamment échangé sur les questions diplomatiques et internationales. Le chef de l’État français a « salué la position constante du Botswana de dénonciation de la guerre d’agression menée par la Russie en Ukraine », selon un communiqué de l’Élysée publié à l’issue d’une rencontre bilatérale lors de laquelle il était également question des accords de coopération entre les deux pays en matière de défense, d’agriculture, de tourisme ou encore de culture.

Le Covid, un « traumatisme national »

Malgré cet agenda des plus chargés, le président du Botswana a pris le temps de répondre à l’invitation de Jeune Afrique et The Africa Report, pour un entretien organisé dans les locaux de la rédaction à Paris et que vous pourrez bientôt lire en intégralité. Un entretien en vidéo a également été accordé à nos deux médias.

Principal objet de sa présence à Paris, la question vaccinale. Mokgweetsi Masisi n’a pas hésité à évoquer le « traumatisme national » qu’a constitué, pour lui et pour son pays, la crise de la pandémie de Covid 19. « Nous attendions à ce que des vaccins soient livrés. Ils ne sont jamais venus. Et des gens sont morts », résume-t-il. « Nous avons alors décidé que nous ne voulions plus jamais nous retrouver dans cette situation, et que nous voulions le faire, mais pas seulement pour nous-mêmes. »

Diamants et éléphants

Mokgweetsi Masisi est également revenu sur un dossier crucial pour l’économie de son pays : les évolutions majeures en cours sur le marché mondial du diamant. Le Botswana, premier pays africain producteur de diamants, a signé en juin dernier un nouvel accord avec De Beers. Le conglomérat diamantaire sud-africain, partenaire historique de Gaborone, achetait jusqu’à présent 75 % de la production du pays.

Le nouvel accord prévoit que cette part passe à 50 % d’ici à 10 ans. Surtout, le Botswana s’est inquiété auprès du G7 du renforcement des contrôles de l’origine des diamants. Une mesure prise dans le cadre des sanctions imposées à la Russie, qui a eu pour effet de faire monter fortement les cours du diamant, perturbant encore un peu plus un marché déjà fragilisé par le recours massifs aux diamants de synthèses. Conséquence : la production de diamants a chuté de plus de 50 % depuis 2024 dans le pays. S’il affirme ne pas vouloir se priver de cet « avantage concurrentiel », Mokgweetsi Masisi a annoncé vouloir entamer une transformation en profondeur de l’économie de son pays, en misant sur la diversification, de « l’économie de la connaissance », de l’élevage en passant par le tourisme.

Il est également revenu sur sa proposition volontairement provocatrice d’offrir 20 000 éléphants à l’Allemagne. Se disant « choqué par des gens qui ne connaissent pas grand-chose à nos éléphants et à nos écosystèmes (…) qui veulent nous dicter la manière dont nous devons gérer », il a même réitéré sa proposition, ajoutant qu’il offrait désormais « 30 000 éléphants » aux Allemands.