Guy-André Kieffer « tué par erreur » selon un nouveau témoignage

Un militaire ivoirien a affirmé devant un juge chargé de l’enquête sur la disparition de Guy-André Kieffer à Abidjan, en avril 2004, que le journaliste avait été détenu dans les locaux de la présidence, et fait état d’un témoignage selon lequel le journaliste aurait été tué par erreur.

Publié le 30 septembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Dans un témoignage recueilli le 20 août derneir au Bénin et dont l’AFP a eu connaissance, Alain Gossé, 60 ans, sergent-chef "au service logistique de la présidence de Côte d’Ivoire" affirme avoir vu et parlé au journaliste détenu dans une "cellule" de la présidence où il a été amené par "deux équipes de commandos" le 16 avril 2004, jour de sa disparition.

Ce militaire, qui se présentait comme "major", a formulé les mêmes accusations dans un entretien à la chaîne France 3 fin juillet, un témoignage alors qualifié de "faux et mensonger sur tous les aspects" par l’avocat de la première dame, Simone Gbagbo, Me Rodrigue Dadjé.

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Devant le juge français Patrick Ramaël, il a indiqué être "normalement au grade de major" mais n’avoir "jamais porté ce grade-là" et avoir fui la Côte d’Ivoire après avoir été "pris de peur" après l’entretien télévisé.

Le sous-officier a également réaffirmé au magistrat que trois hommes -Seka Yapo Anselme, chargé de la sécurité de l’épouse du président, Patrice Baï, à l’époque chef de la sécurité de la présidence, et Jean-Tony Oulaï, soupçonné d’avoir dirigé le commando auteur de l’enlèvement et actuellement en détention provisoire en France- ont participé aux "interrogatoires" de M. Kieffer.

Entretien avec Kieffer

"Après le départ du commando, je me suis rapproché de la cellule pour demander son identité et ce qu’on lui reproche. Il m’a répondu qu’il est journaliste et ne sait pas en réalité ce qu’on lui reproche", détaille-t-il.

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Selon M. Gossé, le journaliste lui a raconté qu’il "avait rendez-vous avec un de ses amis et a été arrêté au moment où il allait répondre à ce rendez-vous. "

Guy-André Kieffer a été vu vivant pour la dernière fois le 16 avril 2004 sur un parking d’Abidjan alors qu’il avait rendez-vous avec Michel Legré, beau-frère de Simone Gbagbo.

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Son corps n’a jamais été retrouvé.

M. Legré a été inculpé pour "enlèvement et séquestration en bande organisée".

Dans son témoignage, le militaire raconte que M. Kieffer a été emmené le 19 avril dans un village situé à une vingtaine de kilomètres d’Abidjan par ses ravisseurs.

Tentative d’intimidation ratée

Alain Gossé est alors chargé d’acheter un "plastic noir à Ivosep (pompes funèbres de la Côte d’Ivoire)", avant de les rejoindre en fin d’après-midi.

Là un autre militaire lui dit: "durant l’interrogatoire du journaliste et voulant l’intimider pour l’obliger à parler, monsieur Oulaï a tiré un coup de feu en l’air. L’un de ses gardes corps qui n’a pas compris que c’était son patron qui venait de tirer un coup de feu en l’air, a tiré sur le journaliste et l’a tué", rapporte-t-il.

Me Alexis Gublin, avocat du frère du journaliste, s’exprimera jeudi dans une conférence de presse à Paris sur l’évolution de l’enquête.

Les enquêteurs français ne soupçonnent pas le couple présidentiel ivoirien d’être lié directement à la disparition de Guy-André Kieffer, qui enquêtait alors notamment sur la filière café-cacao, mais certains cadres du régime liés aux milieux économiques.

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