Dadis parade dans le fief de l’opposant Cellou Dalein Diallo
En visite dans un fief de l’opposition, le chef de la junte guinéenne Moussa Dadis Camara, a « défié ses détracteurs ». les femmes de Labé lui ont manifesté leur soutien pour les prochaines élections.
Le chef de la junte en Guinée, le capitaine Moussa Dadis Camara, a défié ses "détracteurs" en se rendant samedi par la route à Labé, deuxième ville du pays et fief de l’opposition, déclarée "ville morte" par les partis politiques et les syndicats. Il s’agissait de son premier déplacement en province depuis le coup d’Etat du 23 décembre 2008 l’ayant porté au pouvoir. Cette visite intervenait dans un climat tendu, quelque 20.000 personnes ayant manifesté jeudi à Labé contre sa venue et son éventuelle candidature à l’élection présidentielle de janvier.
"Je ne suis pas venu en campagne électorale, je suis venu par respect pour des valeurs, nous sommes tous des Guinéens, je suis venu vous saluer", a-t-il dit dans un discours prononcé devant une foule de quelque 15.000 personnes rassemblées dans le stade de la ville, située à 400 km au nord de Conakry.
"Je suis surtout venu défier mes détracteurs pour dire à mes frères de faire beaucoup attention. Un seul individu ne peut pas manipuler la population", a-t-il ajouté.
Encouragé par les femmes
Labé est le fief de l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo, candidat à l’élection présidentielle et leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UDFG, opposition).
"Je suis venu pour unir cette nation, pour unir les ethnies" et "vous avez prouvé malgré l’intoxication (des opposants) que vous n’êtes pas ingrats", a-t-il lancé à la foule.
Dans un discours, la porte-parole des femmes de Labé a évoqué sa possible candidature en janvier 2010: "Nous, femmes de Labé, nous souhaitons que vous continuiez votre oeuvre et nous sommes prêtes à vous soutenir, à vous plébisciter en janvier 2010." Mais le chef des putschistes lui a laconiquement répondu: "J’ai compris le message des femmes de Labé."
Pressions internationales
Le chef de la junte est soumis à de fortes pressions internationales pour ne pas se présenter et laisser ainsi le pouvoir aux civils, comme il s’y était engagé à sa prise de pouvoir lors du coup d’Etat du 23 décembre 2008, peu après la mort du "général-président" Lansana Conté (1984-2008). Le 18 septembre, l’Union africaine (UA) l’a menacé de sanctions s’il ne renonçait pas, dans un délai d’un mois et par écrit, à la présidentielle.
Le Groupe international de contact sur la Guinée s’est pour sa part déclaré inquiet "des retards" pris dans la préparation des élections, selon un communiqué transmis samedi à l’AFP. "Le Groupe a exprimé sa profonde préoccupation face aux retards du processus électoral et à la détérioration constante de la situation politique, sécuritaire et des droits de l’Homme en Guinée", a-t-il indiqué, tout en exprimant son soutien à l’UA.
Opération ville morte
Le capitaine putschiste avait quitté la capitale Conakry vers 06H00 (locales et GMT) à la tête d’un convoi de plusieurs dizaines de véhicules, dont des jeeps surmontées de mitrailleuses, selon des témoins.
Des représentants des "forces vives" (partis politiques, syndicats, organisations de la société civile) avaient appelé la population de Labé à observer samedi une journée "ville morte" lors de la visite du chef de la junte. Un correspondant de l’AFP a constaté samedi que le grand marché et de très nombreux commerces étaient fermés. Mais plusieurs centaines de militaires avaient été acheminés en renforts pour assurer la sécurité.
Des véhicules militaires, sirènes hurlantes, ont sillonné la ville et des barrages ont été installés à une vingtaine de kilomètres de l’agglomération. Depuis vendredi, des bus de l’administration ont acheminé depuis Conakry des sympathisants de la junte vers le stade, où se trouvaient également de nombreux habitants de la région de Labé.
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