Évariste Ndayishimiye en croisade pour faire du Burundi « un pays de lait et de miel »

Comme son prédécesseur, le chef de l’État instrumentalise la religion pour promettre aux opposants « la fureur de Dieu » et affermir son autorité.

© Damien Glez

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Publié le 24 juin 2024 Lecture : 2 minutes.

Alors que le Burundi traverse une crise objective, le régime cherche à redonner l’espoir par la foi. Il y a quelques jours, la page X de la présidence burundaise relayait le message d’un évangéliste affirmant que le chef de l’État était « l’élu de Dieu ». À partir de cette assertion, il est aisé pour Évariste Ndayishimiye de déduire que les opposants politiques sont des « ingrats » au service de « Satan » et qu’ils s’exposent « à la fureur » de la divinité suprême.

Cette avalanche de références religieuses est particulièrement nourrie, en cette période de quatrième anniversaire de l’arrivée au pouvoir de l’actuel locataire du palais présidentiel, le 18 juin. Comme chaque année, Ndayishimiye, sa famille et les hauts responsables et cadres du pays ont organisé une « croisade religieuse » de trois jours, marathon qui déverse sur le pays un prosélytisme aussi politique que spirituel.

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Dieu à la rescousse

Cette année, la province de Mwaro a été l’épicentre de ces événements destinés à remercier Dieu pour les présumés bienfaits astucieusement gérés par le régime. Le président et la première dame étaient aux premières loges lors de chorales, de prières et d’autres enseignements bibliques transmis sur des rythmes endiablés, le drapeau national à la main.

Si l’on en croit les éléments de langage diffusés, qui croit au Dieu des chrétiens ne devrait pas douter, selon Ndayishimiye lui-même, que le pays sera « émergent en 2040 et développé en 2060 ». Le Burundi devrait même devenir bientôt « un pays de lait et de miel ». Les incrédules sont qualifiés « d’ingrats », d’apprentis révoltés « sous l’emprise de Satan ».

Autosuggestion en pleine crise

Alors que se tenaient ces célébrations aux allures de méthode Coué, les populations burundaises continuaient de pâtir de pénuries d’essence, de sucre, de bière et de médicaments. Beaucoup d’importations sont compromises, faute de devises. Mais comme l’enseigne la spiritualité chrétienne, l’effort et la souffrance sont le berceau de la récompense. Ainsi, Ndayishimiye reconnaît que le chemin vers le développement « n’est pas une voie toute droite, mais c’est une route tortueuse semée d’embûches ». Et comme le suggère aussi le christianisme, le régime burundais ne s’interdit pas l’usage de la miséricorde. Et le chef de l’État de s’adresser au Tout-Puissant en ces termes : « Dieu, pardonne-leur, parce qu’ils ne t’ont pas encore totalement accepté. »

Dans ce registre, Évariste Ndayishimiye a scrupuleusement emboîté le pas de son prédécesseur Pierre Nkurunziza, un adepte de l’Église du Rocher qui utilisait la religion comme source de légitimité de son statut de « père de la famille » burundaise, à grands coups de jeûnes, de retraites spirituelles et de prières.

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