Mémoire, gratitude et respect : les harkis à l’honneur en France

Fondation sur la guerre d’Algérie, sanction judiciaire des insultes à l’encontre des harkis ou mesures en faveur de l’emploi de leurs enfants : les annonces du secrétaire d’Etat aux Anciens combattants Hubert Falco vendredi étaient très attendues par la communauté.

Publié le 25 septembre 2009 Lecture : 2 minutes.

"La Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie est en train d’être créée", a assuré Hubert Falco devant les associations réunies aux Invalides à l’occasion de la 9e Journée nationale d’hommage aux harkis.

Plusieurs association (Le Souvenir français, les Gueules cassées et la Fédération nationale André Maginot) contribueront financièrement avec l’Etat à cette fondation. Elle sera ainsi dotée d’un budget initial de plus de 7 millions d’euros, a précisé le secrétaire d’Etat.

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Selon ses services, la fondation sera chargée de "construire une mémoire historique commune" en s’appuyant sur des "travaux historiques sérieux".

La création de cette fondation, voulue par Jacques Chirac, était inscrite dans la loi du 23 février 2005 "portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés".

L’idée avait cependant fait long feu en raison des tensions soulevées, en France comme en Algérie, par des dispositions de l’article 4 de la loi, abrogées depuis, qui recommandaient aux enseignants de vanter auprès de leurs élèves "les aspects positifs de la colonisation".

Plus jamais des "sous-hommes"

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Le secrétariat d’Etat a confirmé dès jeudi que le fondateur d’Axa Claude Bébéar avait été "pressenti" pour en être le premier président, comme l’écrivait La Croix.

Le gouvernement, a par ailleurs annoncé Hubert Falco, "entend proroger et renforcer le plan emploi" (en faveur des enfants de harkis) jusqu’à fin 2010, évoquant la disponibilité depuis juin "d’emplois réservés" et "200.000 actes de formation prévus dans le plan emploi et 190.000 contrats aidés".

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Autre mesure annoncée, l’attribution de l’allocation de reconnaissance (20.000 euros) à certains "enfants d’anciens supplétifs dont les parents bénéficiaires sont décédés entre le 23 février 2005, date de la publication de la loi et la date butoir du 1er octobre 2005". Ils seraient une petite centaine, selon les associations.

A "la mémoire et la gratitude" s’ajoute "le respect", a enchaîné Hubert Falco, jugeant "inadmissible qu’en 2009, dans notre pays, on puisse insulter les harkis parce qu’ils sont harkis, les injurier et le faire sans craindre d’être puni par la loi".

Il a ainsi annoncé une modification de la loi de 2005 pour permettre aux tribunaux de "condamner la diffamation et l’injure envers les harkis, de la même manière que sont sanctionnés les propos à caractère raciste".

Les associations représentatives des harkis pourront aussi se constituer partie civile. Elles restent traumatisées par la relaxe du président divers gauche de la région Languedoc-Roussillon Georges Frêche qui avaient qualifiés les harkis de "sous-hommes".

Vers plus de concret

Boaza Gasmi, président du Comité national de liaison des harkis qui affirme réunir plus de 150 associations, s’est réjoui de ces mesures "très attendues" mais a souhaité un plan emploi-formation "renforcé".

Président d’honneur du Comité national de liaison des harkis, Boussad Azni a également salué des "points très positifs". Il plaide cependant pour d’autres initiatives, à commencer par "la reconnaissance de la responsabilité de l’Etat français dans l’abandon et le massacre des harkis".

Quant à Youssef Djerfi, président de la Fédération des associations de harkis et de rapatriés, il y voit "une nouvelle étape" mais reste prudent: "des promesses, on nous en a trop fait. . . "

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