Unesco : Hosni voit rouge, ses adversaires jubilent

Farouk Hosni, l’Egyptien battu pour le poste de directeur général de l’Unesco, a dénoncé mercredi un scrutin « politisé » et les « pressions sionistes », en réponse aux intellectuels et associations juives qui l’accusent d’antisémitisme et se sont félicitées de sa défaite.

Publié le 21 septembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Longtemps favori, le ministre égyptien de la Culture a été devancé, mardi soir, par une diplomate bulgare, Irina Bokova, qui deviendra la première femme directrice générale de l’institution de l’ONU chargée de l’éducation, de la science et de la culture.

"Le candidat égyptien avait contre lui tous les journaux et les pressions sionistes", a déclaré à propos de lui-même Farouk Hosni à des journalistes à son retour au Caire, critiquant un scrutin "politisé" ainsi que l’influence, selon lui, des Etats-Unis.

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La presse et les intellectuels égyptiens employaient mercredi des termes similaires pour exprimer leur déception.

"Victoire de la raison"

En revanche, les organisations juives et les intellectuels qui s’étaient battus contre la candidature Hosni, saluaient mercredi une "victoire de la raison" après le choix d’Irina Bokova, selon le terme de Shimon Samuels, directeur du Centre Simon Wiesenthal, qui lutte contre l’antisémitisme.

"L’Unesco vient d’échapper à un scandale, à un désastre moral", a déclaré sur la radio France Inter le Prix Nobel de la Paix Elie Wiesel. Il s’agit d’une "victoire de la morale sur la realpolitik", a estimé le philosophe français Bernard-Henri Lévy sur la radio RTL.

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Les deux intellectuels avaient accusé M. Hosni, ministre de la Culture depuis plus de 20 ans dans son pays, d’être coutumier des déclarations antisémites et anti-israéliennes, et de représenter un régime pratiquant la censure.

Les accusations contre Farouk Hosni, qui avait notamment déclaré qu’il "brûlerait lui-même" les livres israéliens qu’il trouverait en Egypte, ont semé le trouble dans les capitales occidentales. Plusieurs étaient pourtant enclines à soutenir sa candidature au nom du rapprochement avec le monde arabo-musulman.

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Dernièrement, Farouk Hosni, qui a nié tout antisémitisme et exprimé ses "regrets" pour des déclarations selon lui sorties de leur contexte, avait cependant obtenu le soutien du chasseur de nazis français Serge Klarsfeld.

Volte-face de la France ?

Selon le journal Le Monde mercredi, la France aurait demandé sans succès au président Hosni Moubarak de changer de candidat. Elle aurait d’abord soutenu Farouk Hosni avant de changer de camp au cinquième et dernier tour du scrutin, selon le quotidien.

"L’Unesco est une organisation qui doit devenir plus efficace, plus démocratique et plus forte", a déclaré Irina Bokova, assurant qu’elle et Farouk Hosni resteraient "bons amis".

Jamais l’Unesco, dont le siège est à Paris, n’avait connu élection aussi disputée et débat aussi passionné.

La perspective de voir le ministre égyptien de la Culture à la tête de l’institution avait suscité de fortes réticences au sein même de l’appareil de l’organisation onusienne, dont des responsables ne dissimulaient par leur satisfaction mardi soir après la désignation de la candidate bulgare.

"Vive appréhension"

Des exemplaires en français et en anglais d’un article du site arabe elaph.com sur les relations présumées entre M. Hosni et les services secrets de son pays circulaient mardi ouvertement dans les couloirs de l’Unesco à Paris, a constaté l’AFP.

Un fonctionnaire de l’organisation avait fait part à l’AFP d’une "vive appréhension" surtout concernant les activités de soutien à la démocratie et à la liberté d’expression de l’Unesco.

Le changement de directeur général doit encore être entériné le 15 octobre par la Conférence générale, assemblée plénière des 193 pays membres de l’organisation.

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