Irina Bokova, première femme à la tête de l’Unesco
Le controversé ministre égyptien de la Culture Farouk Hosni n’est pas parvenu à devenir le nouveau directeur général de l’Unesco, fonction qui reviendra à la diplomate bulgare Irina Bokova, élue mardi au 5e et dernier tour par 31 voix contre 27.
Mme Bokova, 57 ans, ambassadrice de son pays en France, devient ainsi la première femme à diriger l’institution de l’ONU chargée de mettre en oeuvre des programmes pour l’éducation, d’assurer la sauvegarde du patrimoine mondial ou d’agir en faveur de la liberté d’expression.
Le nom du successeur du Japonais Koïchiro Matsuura doit encore être approuvé en octobre par la Conférence générale, l’assemblée plénière des 193 membres de l’organisation, dont le siège se trouve à Paris.
Après cette élection surprise, Irina Bokova a voulu rendre hommage à l’Egypte et à son candidat. "J’ai dit à la délégation égyptienne que j’espérais que nous allions être ensemble, parce que je n’ai jamais cru à l’idée du clash des civilisations", a-t-elle dit dans une brève déclaration.
S’il avait été élu, Farouk Hosni aurait été le premier responsable issu d’un pays arabe à accéder à la direction générale de l’Unesco.
La polémique Hosni
Interrogé par l’AFP, l’ambassadeur d’Egypte à Paris Nasser Kamel, s’est refusé à spéculer sur les raisons de l’échec de Farouk Hosni. "L’important, c’est le principe du dialogue des civilisations, nouer des liens entre notre courant culturel et ceux qui n’ont pas voulu qu’il soit directeur général", a-t-il dit.
Au 4e tour, lundi, M. Hosni et Mme Bokova étaient arrivés à égalité avec 29 voix chacun au sein du Conseil exécutif de l’Unesco.
Avant l’élection à laquelle s’étaient présentés neuf candidats, Farouk Hosni faisait figure de grand favori, mais sa position s’est fragilisée au cours des tours successifs.
En se retirant dimanche, Benita Ferrero-Waldner avait clairement appelé à faire barrage au candidat égyptien, affirmant que les "valeurs morales" et les "idéaux" de l’Unesco étaient "le véritable enjeu de cette élection".
La perspective de voir Farouk Hosni à la tête de l’Unesco était dénoncée depuis des semaines par des organisations juives et des intellectuels, principalement en France.
Il était accusé de prises de position antisémites et anti-israéliennes, ainsi que d’appartenir à un régime pratiquant la censure. Il lui est notamment reproché d’avoir déclaré en 2008 devant le Parlement égyptien qu’il brûlerait "lui-même" les livres en hébreu qu’il trouverait dans les bibliothèques du pays.
M. Hosni avait assuré "regretter" ces paroles selon lui sorties de leur contexte, et démenti tout sentiment antisémite.
"C’est une grande victoire pour la Bulgarie"
Dans la foulée de l’élection de Mme Bokova, la France a assuré la nouvelle directrice générale de son "plein soutien". Des responsables français avaient indiqué, début septembre, que Paris n’était pas hostile à la candidature de Farouk Hosni, qui divisait les Européens. Le président égyptien Hosni Moubarak est coprésident de l’Union pour la Méditerranée (UPM), grand projet inauguré par le président Nicolas Sarkozy en 2008.
Quant à Israël, il avait levé en mai son opposition à sa candidature après une rencontre entre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et M. Moubarak. Le Caire joue un rôle d’intermédiaire clé dans plusieurs dossiers au Proche-Orient.
Le ministère israélien des Affaires étrangères a salué rapidement l’élection de la Bulgare, se disant "convaincu que sa coopération fructueuse avec l’Unesco va se poursuivre et même se renforcer".
La victoire de Mme Bokova, ancienne communiste devenue une militante convaincue de la cause européenne, a été saluée à Sofia. "Je suis très heureux, c’est une grande victoire pour la Bulgarie que sa candidate dirige une organisation internationale aussi influente", a indiqué à l’AFP le vice-ministre bulgare des Affaires étrangères Marin Raykov.
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