L’UE s’interroge sur les liens entre Tunis, Pékin, Moscou et Téhéran
On attendait une intervention sur les droits de l’homme en Tunisie. C’est finalement la question du rapprochement en cours entre le pays du Maghreb, la Chine, l’Iran et la Russie qui a été évoquée lors du Conseil des affaires étrangères de l’Union européenne organisé le 24 juin.
Une dépêche de l’agence italienne Ansa avait annoncé vendredi 21 juin que le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, avait inscrit une question sur la Tunisie à l’ordre du jour du Conseil des affaires étrangères du 24 juin. Les observateurs avaient alors fait le lien entre cette initiative du haut représentant de l’Union européenne (UE) pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité et une assignation du cabinet d’avocat William Bourdon, qui l’interpellait sur différents dépassements des droits de l’homme en Tunisie.
Mais ils n’ont toutefois trouvé aucune trace de cette initiative jusqu’à ce que le service presse du Conseil des affaires étrangères indique que la question était inscrite dans la rubrique « divers », c’est-à-dire parmi les sujets abordés en fin de journée.
Changement de tropisme
Josep Borrell fait partie de ceux qui ont été échaudés par leur expérience avec la Tunisie. Il se souvient notamment que Tunis avait refusé de recevoir une délégation d’eurodéputés en septembre 2023, accusant les 27 d’ingérence dans la souveraineté du pays. Depuis, le diplomate européen n’a plus abordé la question de la Tunisie. Jusqu’à l’inscription du sujet au programme du Conseil de ce 24 juin, lors de la session des Affaires étrangères au Luxembourg.
Lors de son intervention de ce lundi, toutefois, Josep Borrell n’a pas, comme beaucoup l’avaient cru, évoqué la situation des droits de l’homme en Tunisie. Il a surpris tout son auditoire en entamant une réflexion inattendue sur « la Tunisie qui se rapproche de la Russie, de la Chine et de l’Iran », un nouveau tropisme des autorités tunisiennes alors que le pays est « un partenaire important de longue date de l’UE ».
S’inquiétant de cette nouvelle orientation diplomatique, Josep Borrell a donc invité les 27, à « la lumière des derniers développements internes et externes, à procéder à une évaluation collective et éviter certains événements qui conduisent à des rapprochements avec les gouvernements chinois, russe et iranien ». Le haut représentant a également estimé que la question mériterait, dans l’avenir, un débat plus sérieux au sein des instances européennes.
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