Kenya : William Ruto retire le projet de budget contesté

Au lendemain de manifestations qui ont fait 22 morts, le président William Ruto annonce le retrait du projet de budget 2024-2025.

Publié le 26 juin 2024 Lecture : 2 minutes.

Rétropédalage. Après avoir affiché sa fermeté et assuré que la « violence et l’anarchie » seraient fermement réprimées, le président kényan William Ruto a annoncé mercredi le retrait du projet de budget 2024-25 prévoyant des hausses de taxes. Ce texte, à l’origine d’une contestation qui dure depuis plusieurs jours, a été voté par le Parlement mardi 25 juin, provoquant l’ire des opposants .

« Après avoir écouté attentivement le peuple kényan, qui a dit haut et fort qu’il ne voulait rien avoir à faire avec ce projet de loi de finances 2024, je m’incline et je ne promulguerai pas le projet de loi de finances 2024, qui sera par conséquent retiré », a déclaré William Ruto dans un discours au lendemain d’une journée au cours de laquelle 22 manifestants ont trouvé la mort.

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L’organisme officiel de défense des droits humains, la Kenya National Human Rights Commission (KNHRC), a recensé 22 morts dans le pays, dont 19 dans la capitale Nairobi, « plus de 300 blessés et plus de 50 arrestations », a déclaré sa présidente, Roseline Odede, en annonçant « ouvrir une enquête » sur ces morts. Un groupe d’ONG mené par Amnesty Kenya a également répertorié 21 enlèvements de personnes par des « officiers en uniforme ou en civil » au cours des 24 heures précédentes. La police kényane n’a pas réagi à ces accusations.

« Demain, nous marchons à nouveau pacifiquement en portant du blanc, pour tous les nôtres tombés au combat. Vous ne serez pas oubliés !!! » a appelé une des figures du mouvement de contestation, en mémoire des victimes de la mobilisation de mardi.

Du sang sur la chaussée

Le Kenya était encore mercredi sous le choc de ces violences, qui ont notamment vu des manifestants prendre d’assaut le Parlement, une première dans l’histoire du pays. Dans le centre d’affaires de Nairobi, une odeur de gaz lacrymogène flottait encore dans la matinée dans les rues, dont les chaussées portaient encore des traces de sang. Un important dispositif policier, renforcé par l’armée mardi soir, quadrillait le quartier.

Les rassemblements contre les nouvelles taxes, principalement menés par des jeunes, avaient débuté la semaine dernière dans le calme, des milliers de manifestants défilant à Nairobi et dans d’autres villes du pays. La tension est brusquement montée mardi après-midi dans le centre de la capitale.

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Selon des ONG, la police a tiré à balles réelles pour tenter de contenir la foule, qui a forcé l’entrée de l’enceinte du Parlement. Des bâtiments ont été saccagés et partiellement incendiés. À Nairobi et dans plusieurs villes, la foule s’est également livrée à des pillages. Des bâtiments ont été incendiés à Eldoret, dans la vallée du Rift, fief du président William Ruto.

« Cesser de tirer sur des enfants »

Les scènes de chaos ont alarmé mardi les États-Unis et plus d’une dizaine de pays européens, ainsi que l’ONU et l’Union africaine, qui se sont déclarés « fortement préoccupés » et ont appelé au calme. La principale coalition d’opposition, Azimio, menée par le vétéran Raila Odinga, a accusé le gouvernement d’avoir « déchaîné sa force brute » contre les manifestants et exhorté la police à « cesser de tirer sur des enfants innocents, pacifiques et non armés ».

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