Non, Ousmane Sonko et Marine Le Pen n’ont rien en commun !

Passant outre les discours aux relents xénophobes et le programme anti-immigration du Rassemblement national, certains Africains voient dans sa possible victoire aux législatives, au soir du 7 juillet, une chance pour le continent d’asseoir sa souveraineté.

Ousmane Sonko, Premier ministre du Sénégal, annonce la composition du gouvernement à Dakar, le 6 avril 2024. © Primature du Sénégal

Ousmane Sonko, Premier ministre du Sénégal, annonce la composition du gouvernement à Dakar, le 6 avril 2024. © Primature du Sénégal

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Publié le 29 juin 2024 Lecture : 2 minutes.

À quelques jours du rendez-vous avec l’Histoire qu’on lui prédit, le Rassemblement national poursuit son effort de normalisation. Au placard les discours aux relents racistes et la chasse assumée aux étrangers comme programme de gouvernement ! Le RN version législatives 2024 se veut raisonnable, rassembleur et compétent. On y croirait presque.

Une porte de sortie du néocolonialisme

Dans le sillage de ce RN new look, une certaine jeunesse africaine, qui se prétend éveillée, développe un discours insidieux dont l’inanité n’aurait pas mérité de réplique en des temps moins incertains. Ignorant l’idéologie suprémaciste du RN, ces jeunes africains voient dans la possible arrivée au pouvoir des nostalgiques de l’Algérie française une porte de sortie du néocolonialisme et du franc CFA qu’ils tiennent pour responsables de leur condition malheureuse. Les plus zélés d’entre eux appellent à une alliance objective entre souverainismes africains et extrême droite française.

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Selon eux, Ousmane Sonko et Marine Le Pen poursuivraient tous deux les mêmes objectifs : s’affranchir de l’influence (ingérence) externe, redonner le pouvoir au peuple et promouvoir le souverainisme économique. Soit. Mais qu’en est-il de l’inégalité des races prônée par le Front national (FN) en 1996 ? Ou de l’arrêt de l’immigration comme stratégie d’augmentation des salaires ? Bien que ce parallèle inique soit aisément réfutable, il a le mérite d’ouvrir un débat plus complexe qui tiraille les jeunes nations africaines et la société française : où situer la frontière entre souverainisme et xénophobie ?

Le souverainisme se définit comme l’affirmation de l’indépendance de la nation vis-à-vis d’un échelon de pouvoir qui la surplombe[1]. Qu’il soit politique, économique ou culturel, le souverainisme se distingue par l’affirmation d’un soi national contre toute forme d’influence extérieure. À l’inverse, la xénophobie se manifeste par une hostilité systématique envers les étrangers ou les personnes perçues comme étant d’origine étrangère.

Programme sans équivoque

Ainsi, face au chômage, tandis que les souverainistes insisteront pour préserver l’emploi national face à une mondialisation exacerbée, les xénophobes considéreront que tout emploi occupé par un étranger est un emploi volé à un national. L’histoire et le programme du RN sont sans équivoque à ce propos.

Si besoin était, la volonté du RN d’interdire la fonction publique aux binationaux dissipe les derniers doutes. Alors que l’exigence d’appartenir à la communauté nationale pour être agent des services publics que partagent souverainistes, et même nationalistes, le RN se propose d’aller au-delà. Soupçonnés d’être des agents de l’ennemi qui, par définition, est étranger, le RN souhaite en expurger tous les Français binationaux. Cette approche est d’autant plus absurde qu’elle pourrait conduire à l’exclusion de binationaux franco-italiens au profit de Français d’origine malienne ne disposant pas de double nationalité. Pas sûr que ça plaise à la famille Bardella restée en Italie…

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[1] Thomas Guenolé Le souverainisme (PUF, 2022)

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