Entre Israël et le Liban, les menaces d’une guerre « apocalyptique »
L’ONU craint une escalade régionale entre Tsahal et le Hezbollah, alors que l’armée israélienne réorganise ses forces vers la frontière avec le Liban et multiplie les menaces contre l’organisation islamiste.
« Le Hezbollah comprend très bien que nous pouvons infliger d’énormes dégâts au Liban si une guerre est lancée », a déclaré le 26 juin à la presse le ministre de la Défense Yoav Gallant à l’issue d’une visite de plusieurs jours à Washington.
« Nous avons la capacité de ramener le Liban à l’âge de pierre, mais nous ne voulons pas le faire […] Nous ne voulons pas d’une guerre », a-t-il ajouté, précisant que le gouvernement israélien « se préparait à tout scénario ».
La propagation au Liban de la guerre que mène Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza serait « potentiellement apocalyptique », avait plus tôt averti depuis Genève le chef des affaires humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths. « Je vois cela comme l’étincelle qui mettra le feu aux poudres », a-t-il souligné, estimant qu’un conflit impliquant le Liban « gagnera la Syrie… gagnera les autres » territoires de la région, entraînant des conséquences « imprévisibles ».
Bombardements multiples
La guerre à Gaza a entraîné une flambée de violences à la frontière entre Israël et le Liban, où les échanges de tirs sont presque quotidiens entre le Hezbollah libanais, un allié du Hamas palestinien, et l’armée israélienne. Dans la nuit du 26 au 27 juin, des témoins ont fait état de bombardements dans différents secteurs de la bande de Gaza, tandis qu’au Liban, cinq personnes ont été blessées dans une frappe aérienne israélienne sur un immeuble de Nabatiyeh (sud), selon l’agence officielle libanaise Ani.
En Syrie, deux personnes ont été tuées dans une frappe israélienne peu avant minuit, a annoncé l’agence officielle Sana en citant une source militaire. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), la frappe a visé un centre de services d’une fondation affiliée au Hezbollah libanais et à des groupes pro-iraniens, près de la capitale Damas.
Et au Yémen, le Commandement de l’armée américaine pour le Moyen-Orient a indiqué avoir détruit un « radar » des rebelles Houthis, alliés du Hamas, qui ciblent le trafic maritime international en mer Rouge et dans le Golfe d’Aden en « solidarité » avec la population de Gaza.
Craintes d’une guerre régionale
Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a annoncé le 23 juin que la phase « intense » des combats touchait à sa fin dans la bande de Gaza et affirmé qu’ensuite, Israël pourrait « redéployer certaines forces vers le nord », à la frontière avec le Liban, « à des fins défensives ».
« Il semble qu’Israël, qui a dévasté Gaza, jette désormais son dévolu sur le Liban. Nous voyons que les puissances occidentales soutiennent Israël en coulisses », a déclaré de son côté le président turc Recep Tayyip Erdoğan. « Les projets de Netanyahou d’étendre la guerre à la région conduiront à un grand désastre », a-t-il ajouté. Comme le Canada, l’Allemagne a emboîté en appelé mercredi ses ressortissants à quitter le Liban.
« Une guerre entre Israël et le Hezbollah pourrait facilement devenir une guerre régionale, avec des conséquences désastreuses pour le Moyen-Orient », s’est lui aussi inquiété le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, en recevant Yoavt à Washington.
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait averti la semaine dernière qu’« aucun lieu » en Israël ne serait le cas échéant épargné par son mouvement, au lendemain d’une annonce de l’armée israélienne selon laquelle « des plans opérationnels pour une offensive au Liban » avaient été « validés ».
(avec AFP)
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