Au Kenya, les manifestants ne renoncent pas

Le projet de budget a beau avoir été retiré, les manifestants maintiennent la pression sur le président William Ruto et appellent à une marche blanche ce 27 juin.

Un policier kenyan devant la State house à Nairobi, le 27 juin 2024. © SIMON MAINA / AFP

Un policier kenyan devant la State house à Nairobi, le 27 juin 2024. © SIMON MAINA / AFP

Publié le 27 juin 2024 Lecture : 2 minutes.

Les Kényans se préparent à descendre dans la rue pour une marche blanche au lendemain de l’annonce par le président William Ruto du retrait du projet de budget prévoyant des hausses d’impôts, à l’origine d’une contestation qui a sombré dans une violence meurtrière.

Taxes sur le pain et les véhicules

Ce mouvement inédit mené par la jeunesse, qui a gagné le pays en moins de deux semaines et a pris de court le pouvoir, a émergé peu après la présentation au Parlement le 13 juin du budget 2024-2025, prévoyant notamment une TVA de 16 % sur le pain et une taxe annuelle de 2,5 % sur les véhicules particuliers.

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Si de précédentes journées de mobilisation demandant le retrait de ces nouvelles taxes se sont déroulées dans le calme, la manifestation du 25 juin aux abords du complexe abritant l’Assemblée nationale et le Sénat, dont certains bâtiments ont été incendiés et saccagés, a tourné au bain de sang. Selon plusieurs ONG, la police a tiré à balles réelles pour tenter de contenir la foule qui a forcé les barrages de sécurité pour pénétrer dans le complexe, une attaque inédite dans l’histoire du pays. Selon l’organe kényan de protection des droits humains (KNHRC), 22 personnes ont été tuées, dont 19 dans la capitale Nairobi, et plus de 300 blessées.

« Opération de com »

Le président Ruto, qui avait affirmé vouloir réprimer fermement « la violence et l’anarchie », a finalement annoncé le retrait du projet de budget et dit vouloir une concertation nationale avec la jeunesse. « Après avoir écouté attentivement le peuple kényan, qui a dit haut et fort qu’il ne voulait rien avoir à faire avec ce projet de loi de finances 2024, je m’incline et je ne promulguerai pas le projet de loi de finances 2024, qui sera par conséquent retiré », a-t-il déclaré dans un discours à la nation.

Une annonce aussitôt qualifiée d’ « opération de com » par une figure du mouvement de contestation, la journaliste et militante Hanifa Adan, qui avait appelé plus tôt à une marche blanche « pacifique » à la mémoire des victimes, ce 27 juin.

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Le gouvernement, qui avait fait valoir que les taxes étaient nécessaires pour redonner une marge de manœuvre au pays lourdement endetté, avait annoncé le 18 juin retirer la plupart des mesures. Mais les manifestants demandaient le retrait intégral du texte. « Comment gérer ensemble notre situation d’endettement ? », a interrogé William Ruto après avoir capitulé sur le projet de budget.

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Il s’est en particulier inquiété d’un trou significatif dans le financement de programmes pour les agriculteurs et les enseignants.

La dette publique du pays s’élève à environ 10 000 milliards de shillings (71 milliards d’euros), soit environ 70 % du PIB. Le budget 2024-25 prévoyait sur 4 000 milliards de shillings (29 milliards d’euros) de dépenses, un record. Le Kenya, l’une des économies les plus dynamiques d’Afrique de l’Est, a enregistré en mai une inflation de 5,1 % sur un an, avec une hausse des prix des produits alimentaires et des carburants respectivement de 6,2 % et 7,8 %, selon la Banque centrale.

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(Avec AFP)

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