CAN 2025 : les dates imposées par la Fifa inquiètent joueurs et entraîneurs

Le Maroc organisera la Coupe d’Afrique des nations 2025 entre le 21 décembre 2025 et le 18 janvier 2026. Ces dates, inédites, ne sont pas propices pour les joueurs, qui ont besoin de récupérer physiquement.

Patrice Motsepe, président de la Confédération africaine de football (CAF), à Abidjan, le 12 octobre 2023. © Luc Gnago / Reuters

Patrice Motsepe, président de la Confédération africaine de football (CAF), à Abidjan, le 12 octobre 2023. © Luc Gnago / Reuters

Alexis Billebault

Publié le 28 juin 2024 Lecture : 3 minutes.

Depuis que la Fifa avait imposé son propre calendrier pour 2025, et plus particulièrement pour les mois de juin et de juillet, la cause était entendue. En fixant les dates de sa Coupe du monde des clubs nouvelle version, aussi lucrative que souvent décriée, avec trente-deux équipes, entre le 15 juin et le 13 juillet 2025, l’instance dirigeante n’a pas laissé le choix à la Confédération africaine de football (CAF) et, par ricochet, au Maroc, qui avait pourtant manifesté son intention d’organiser la CAN à cette même période.

Travaux dans les stades du Maroc

Comme il était impossible de la faire disputer juste après la Coupe du monde des clubs, la CAF n’avait plus beaucoup de leviers à actionner. Le décalage de la phase finale s’imposait de lui-même, puisque l’avancer aux mois de janvier et février 2025 aurait été compliqué, le Maroc ayant entrepris divers travaux, en particulier dans la plupart des stades censés accueillir les vingt-quatre sélections.

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Véron Mosengo-Omba, le secrétaire général de la CAF, avait d’ailleurs préparé les esprits lors d’une interview accordée à la BBC.

Le 21 juin 2024, à l’issue de son Comité exécutif, qu’a présidé Patrice Motsepe, la CAF a décidé que la phase finale de la CAN aurait lieu entre le 21 décembre 2025 et le 18 janvier 2026. Au Maroc, la nouvelle a été accueilli avec flegme. « Nous avions compris que la CAN n’aurait pas lieu en juin- juillet 2025. On s’attendait plutôt à janvier et février 2026. Là, c’est un peu surprenant car c’est la première fois qu’elle va se disputer à de telles dates. On aurait aimé qu’elle se joue en juin-juillet, car, à cette période de l’année, il fait bon, il y a un côté plus festif et de nombreux touristes, mais la Fifa a imposé son calendrier, et il faut faire avec », commente le journaliste marocain Nassim El Kerf.

Si la CAF avait retenu ces dates, c’est également pour ne pas trop contrarier les clubs européens, et notamment ceux qui disputeront la Ligue des champions et la Ligue Europa. L’UEFA a modifié le format de ses compétitions, et deux journées de la phase de ligue sont programmées entre le 20 et le 31 janvier 2026.

« On en demande beaucoup aux footballeurs, souligne le Belge Paul Put, sélectionneur de l’Ouganda, dont plusieurs joueurs évoluent en Europe. Jouer une CAN à cette période de l’année les privera de trêve hivernale. »

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Le marathon d’Achraf Hakimi

Olivier Dall’Oglio, l’entraîneur de l’AS Saint-Étienne (Ligue 1), explique, quant à lui, qu’il a « l’habitude de laisser souffler une quinzaine de jours les internationaux qui reviennent de la CAN ». « Il faut qu’ils puissent se remettre de la compétition, des voyages et du changement de continent », ajoute-t-il. Mais la santé des joueurs est-elle encore une préoccupation pour les dirigeants du football – Fifa et confédérations confondues ?

La réponse est évidemment non. Les syndicats de joueurs ont beau s’alarmer, leurs doléances sont écoutées poliment avant d’être passées à la broyeuse. Les techniciens partagent la même inquiétude. « L’idéal, ce serait une CAN en juin et juillet. Après la fin des championnats, les joueurs peuvent se reposer quelques jours avant de préparer la phase finale. Avec une CAN qui débutera le 21 décembre, ils vont enchaîner sur une grosse compétition, sans coupure et sans véritable préparation », souligne Nabil Neghiz, le sélectionneur adjoint de l’Algérie.

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Pour étayer les propos de l’ancien entraîneur du MC Alger, les exemples ne manquent pas. Ainsi, les joueurs égyptiens d’Al-Ahly pourraient disputer en l’espace d’un an la Coupe du monde des clubs, la CAN et la Coupe du monde 2026 (11 juin-19 juillet). Le même raisonnement s’applique aux internationaux de l’Espérance sportive de Tunis. À titre individuel, le défenseur marocain Achraf Hakimi jouera avec le Paris-SG la Coupe du monde des clubs, la CAN avec les Lions de l’Atlas – qualifiés d’office –, et probablement la Coupe du monde 2026, en plus du championnat de Ligue 1, de la Coupe de France et d’une coupe d’Europe. Tout cela également en l’espace d’un an.

« Les compétitions internationales sont très éprouvantes physiquement et mentalement pour les joueurs. Plus ils jouent, plus les risques de blessure sont importants », reprend Neghiz.

La quasi totalité des acteurs du football africain réclament un alignement de la CAF sur la majorité des autres compétitions continentales, comme l’Euro et la Copa America (en Amérique du Sud), et que la CAN se déroule en juin-juillet, comme la CAF l’avait décidé en 2017. Cela ne s’est produit qu’une seule fois, en 2019, en Égypte. Il faudra donc – en théorie – attendre l’édition 2027, qui doit se dérouler au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie, pour que ce soit enfin le cas…

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