Afrique du Sud : la radioactivité au secours des rhinocéros
Décimés par les braconniers, les rhinocéros blancs d’Afrique du Sud seront-ils sauvés par l’implantation de composants radioactifs dans leurs cornes ? Des chercheurs tentent le tout pour le tout.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 27 juin 2024 Lecture : 2 minutes.
Les protecteurs de la nature sud-africains pensaient avoir trouvé la parade pour dissuader les braconniers de décimer les rhinocéros et de vendre sur le marché illicite leur corne aux vertus présumées thérapeutiques ou aphrodisiaques. La technique, radicale, consistait à amputer à la tronçonneuse cette excroissance, objet de toutes les convoitises.
Une opération délicate, au cours de laquelle il faut se garder d’endommager la base de la corne –pour épargner de trop grandes souffrances à l’animal – et qui doit être renouvelée au moins tous les deux ans, car la kératine repousse. Il faut, en outre, décorner en même temps tous les rhinocéros d’une même zone, faute de quoi le cycle des combats entre animaux cornus et non décornés serait perturbé.
En Afrique du Sud, des chercheurs expérimentent donc une nouvelle technique pour protéger les rhinocéros. Ils ont placé deux minuscules implants radioactifs à l’intérieur des cornes de vingt spécimens.
Braconnage de rhinocéros
Avantage de cette technique : les appareils de contrôle présents dans les ports et les aéroports détectent ce composant. Si le test se révélait moins dangereux pour l’animal que pour l’homme, le trafic pourrait s’en trouver déstabilisé. Les consommateurs de produits dérivés de la corne de rhinocéros se détourneraient en effet de ce marché illicite, par peur d’une contamination radioactive.
Les inventeurs de ce procédé ont l’intention d’effectuer tous les contrôles, notamment sanguins, avant d’étendre l’expérience, de façon scientifique et éthique.
L’Afrique du Sud en première ligne
Classé en « catégorie menacée » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le rhinocéros blanc est le plus chassé des quatre rhinocérotidés. Sa corne, réduite en poudre, est largement consommée en Asie. Les actions de sensibilisation ne suffisent pas à enrayer sa vente sur le marché noir, où le prix de cet appendice nasal rivalise parfois avec celui de certains métaux précieux ou de certains stupéfiants : jusqu’à 60 000 dollars le kilo, soit plus de 35 millions de francs CFA.
Si des programmes de réintroduction du rhinocéros blanc sont menés au Botswana, au Kenya, en Namibie ou encore en Ouganda, l’Afrique du Sud continue d’abriter près de 80% de la population mondiale.
Il resterait moins de 13 000 spécimens dans le pays. Selon les statistiques du gouvernement sud-africain, 499 rhinocéros ont été tués en 2023 dans les parcs nationaux. Un chiffre en hausse de 11% par rapport à l’année précédente.
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