À Téhéran, des Iraniens votent « avec espoir », d’autres boycottent

Les Iraniens votent aujourd’hui pour désigner le successeur du président Ebrahim Raïssi, décédé au mois de mai dans un accident d’hélicoptère. Si le camp conservateur est favori, certains espèrent voir le réformateur Massoud Pezeshkian se hisser au second tour.

Des Iraniens font la queue devant un bureau de vote à Téhéran pour voter lors de l’élection présidentielle de la République islamique, le 28 juin 2024. © Photo par RAHEB HOMAVANDI / AFP

Des Iraniens font la queue devant un bureau de vote à Téhéran pour voter lors de l’élection présidentielle de la République islamique, le 28 juin 2024. © Photo par RAHEB HOMAVANDI / AFP

Publié le 28 juin 2024 Lecture : 3 minutes.

Devant une mosquée du centre de Téhéran, des Iraniens forment une longue file, patientant pour voter à la présidentielle anticipée provoquée par la mort, au mois de mai, du président Ebrahim Raïssi. Mais d’autres restent dans le parc voisin, décidés à boycotter une élection « qui ne va pas améliorer la situation ». Mitra, une femme au foyer de 47 ans, est venue voter à la mosquée Ershad avec sa fille adolescente, qui porte un hijab sur les épaules, laissant ses cheveux à découvert.

Elle va déposer le bulletin de Massoud Pezeshkian, le seul réformateur parmi les quatre candidats en lice. En particulier avec l’espoir que sa fille puisse, grâce à lui, « se déplacer dans la rue sans avoir de soucis ».

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Au cours de la campagne, « Massoud Pezeshkian a promis qu’il allait mettre fin à la police des mœurs », dont le rôle est de faire respecter le port du voile obligatoire par les femmes dans les lieux publics, explique Mitra, qui ne donne pas son nom de famille. « Je ne pense pas qu’il puisse faire quelque chose » pour changer la situation, mais « ne pas voter ne donnerait pas plus de résultat », précise-t-elle d’un ton fataliste.

La file formée devant la mosquée est plus fournie que lors de la dernière présidentielle de 2021, où la participation avait été inférieure à 50 %, le plus faible taux depuis la Révolution islamique en 1979. Ce scrutin avait été boudé par une partie des jeunes et des classes supérieures en raison de la disqualification des candidats réformateurs et modérés, ce qui avait entraîné la victoire facile du conservateur Ebrahim Raïssi.

« Heureusement, cette année, les réformistes ont leur candidat et nous espérons que la participation sera plus élevée », déclare le responsable réformateur Mohammad Sadr, venu voter à la mosquée.

Le « docteur » Pezeshkian, chirurgien de formation, est « honnête » et « ne fait pas de promesses extravagantes, contrairement à d’autres candidats », estime Assad, un retraité de 70 ans. Ce dernier espère que, s’il est élu, le réformateur s’attaquera aux « nombreux problèmes » que connait le pays. « J’ai du mal à communiquer avec mon fils et mes petits-enfants qui vivent au Canada car les applications WhatsApp et Telegram sont bloquées » en Iran, donne-t-il comme exemple.

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La tentation de l’abstention pour passer un message

Dans le sud de Téhéran, plus populaire que le centre, les électeurs sont aussi nombreux à voter dans le mausolée Shah Abdol Azim pavoisé de drapeaux vert-blanc-rouge, les couleurs nationales. « Dieu merci, il y a beaucoup de monde : des anciens combattants, des mères de martyrs (morts à la guerre), des vieux et des jeunes », se félicite Massoumeh, une ouvrière de 66 ans.

Le quartier est une place forte des partisans du pouvoir, qui ont le choix entre trois candidats conservateurs, dont deux espèrent arriver en tête: Mohammad-Bagher Ghalibaf, le président du Parlement, et Saïd Jalili, un ancien négociateur du dossier nucléaire.

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Dans le centre-ville, Hossein, un électricien de 45 ans, joue avec ses enfants dans le parc Shariati, et n’a pas l’intention d’aller voter. « Je ne participe plus à aucune élection », se justifie-t-il. En jugeant que la République islamique « ne peut pas être réformée, que ce soit un réformiste ou un conservateur qui soit élu ». « Il n’y a aucun candidat pour lequel je puisse voter. S’il est élu, Pezeshkian ne sera pas plus puissant qu’Hassan Rohani », l’ancien président modéré qui « ne pouvait rien faire », selon lui.

« Les élections n’ont pas amélioré la situation, au contraire », assène Pedram, un fonctionnaire de 50 ans. « Si les gens ne participent pas à plusieurs scrutins, quelque chose finira par se produire », avance cet homme, qui dit avoir voté pour Ebrahim Raïssi en 2021.

En votant dès l’ouverture des bureaux de vote, le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a exhorté les 61 millions d’électeurs iraniens à « prendre le vote au sérieux ». « Je ne vois aucune raison d’hésiter » à aller voter, a-t-il ajouté.

(Avec AFP)

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