Présidentielle en Iran : duel entre le réformateur Pezeshkian et le conservateur Jalili
Quasiment inconnu lorsqu’il est entré dans la course, le député Massoud Pezeshkian a réalisé la performance d’obtenir 42,5 % des suffrages le 28 juin, devançant l’ancien négociateur du dossier nucléaire, crédité de 38,6 % au premier tour.
La présidentielle en Iran se décidera le 5 juillet entre les candidats réformateur Massoud Pezeshkian et ultraconservateur Saïd Jalili, arrivés en tête d’un premier tour où la participation a été la plus faible depuis les débuts de la République islamique en 1979.
Quasiment inconnu lorsqu’il est entré dans la course, le député Massoud Pezeshkian a réalisé la performance d’obtenir 42,5 % des suffrages le 28 juin. Il a devancé Saïd Jalili, ancien négociateur du dossier nucléaire, crédité de 38,6 % au premier tour de cette présidentielle organisée après la mort du président Ebrahim Raïssi dans un accident d’hélicoptère en mai.
Aucun des deux candidats n’ayant obtenu la majorité absolue, un second tour est nécessaire, pour la deuxième fois seulement en 14 élections présidentielles depuis 1979.
Jalili soutenu par le président du Parlement, arrivé troisième
Les électeurs ont un choix clair à faire entre le réformateur qui, tout en se déclarant loyal à la République islamique, prône l’ouverture, notamment à l’international, et l’ultraconservateur défendant la poursuite d’une politique anti-occidentale et de fermeté sur les questions de société, comme le port du voile pour les femmes.
Saïd Jalili a reçu le 29 juin le soutien du président conservateur du Parlement, Mohamad Baquer Ghalibaf, arrivé troisième avec 13,8 % des voix. « Je demande à toutes les forces révolutionnaires et à mes partisans » d’ »essayer d’élire le candidat du front révolutionnaire », a-t-il déclaré. Deux autres candidats conservateurs, qui avaient abandonné avant le premier tour, ont également appelé à voter pour l’ultraconservateur.
Pour l’emporter, Massoud Pezeshkian devra compter sur une mobilisation des abstentionnistes décidés à faire barrage à Saïd Jalili. Mais la tache s’avère ardue alors que la participation, à environ 40% selon les autorités, a été encore plus faible que pour la présidentielle de 2021 et pour les législatives de mars.
Les appels à voter avaient pourtant été lancés à la fois par la plus haute autorité de la République islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, et par les figures des camps réformateurs et modérés. De plus, les opérations de vote, qui devaient se terminer à 18 h, ont été prolongées jusqu’à minuit. Des opposants, notamment ceux de la diaspora, avaient appelé au boycott du scrutin.
Une élection à l’impact limité
Le second tour sera suivi avec attention à l’étranger alors que l’Iran, poids-lourd du Moyen-Orient, est au cœur de plusieurs crises géopolitiques, de la guerre à Gaza au dossier nucléaire, dans lesquelles il s’oppose aux pays occidentaux. L’élection aura toutefois un impact limité puisque le président a des pouvoirs restreints : il est chargé d’appliquer, à la tête du gouvernement, les grandes lignes politiques fixées par le guide suprême, qui est le chef de l’État.
Âgé de 69 ans et chirurgien de profession, Massoud Pezeshkian est député de Tabriz, la grande ville du nord-ouest de l’Iran, et a une expérience gouvernementale limitée, qui se résume à un poste de ministre de la Santé de 2001 à 2005 dans le gouvernement réformateur de Mohammad Khatami. Il s’est fait connaître pour son franc-parler, n’ayant pas hésité à critiquer le pouvoir lors du mouvement de protestation provoqué par la mort en détention de Mahsa Amini en septembre 2022. Il prône en outre un réchauffement des relations entre l’Iran et les pays occidentaux, États-Unis en tête, afin de lever les sanctions qui affectent durement l’économie.
A contrario, Saïd Jalili, 58 ans, est partisan d’une politique inflexible face à l’Occident. Il l’a démontré durant les six années où il a mené les négociations sur le nucléaire iranien, entre 2007 et 2013. Tout au long de sa carrière, il a accédé à des postes clés au sein de la République islamique en ayant la confiance du guide suprême, l’ayatollah Khamenei. Il est actuellement l’un de ses deux représentants au Conseil suprême de sécurité nationale, la plus haute instance sécuritaire du pays.
« Vive l’espoir »
Sans publier les premiers résultats, la presse a pris position le 29 juin au matin selon son attachement politique. « Vive l’espoir », titrait le journal réformiste Sazandegi en publiant une photo de Massoud Pezeshkian, tandis que le quotidien gouvernemental Iran appelait à « voter pour l’autorité de l’Iran ».
L’élection a été meurtrie par la mort de deux policiers dans l’attaque vendredi soir par des hommes armés d’un véhicule transportant des urnes dans la province troublée du Sistan-Baloutchistan (sud-est), selon l’agence de presse Tasnim.
(avec AFP)
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