William Ruto : « Je n’ai pas de sang sur les mains »

Lors d’une interview de deux heures à la télévision, le président kényan a affirmé que 19 personnes ont été tuées lors des manifestations antigouvernementales du 25 juin.

Le président kenyan William Ruto en marge du sommet Corée-Afrique à Séoul, le 5 juin 2024. © Jung Yeon-je / AFP

Le président kenyan William Ruto en marge du sommet Corée-Afrique à Séoul, le 5 juin 2024. © Jung Yeon-je / AFP

Publié le 1 juillet 2024 Lecture : 2 minutes.

Le 30 juin, le président kényan William Ruto a affirmé n’avoir « pas de sang sur les mains » après les manifestations antigouvernementales du 25 juin, qui ont fait selon lui 19 morts, un bilan inférieur à ceux d’organisations de défense des droits humains.

Balles réelles

Il s’agit du premier bilan officiel donné pour cette journée de mobilisation marquée par la prise d’assaut par des manifestants du Parlement, qui venait de voter un projet de budget 2024-25 décrié instaurant des hausses de taxes. La police avait alors tiré à balles réelles sur la foule.

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Human Rights Watch a affirmé avoir recensé au moins 31 morts dans plusieurs villes du pays. L’agence officielle de protection des droits humains (KNHRC) avait auparavant évoqué 22 personnes tuées et un groupement d’ONG locales, dont la branche kényane d’Amnesty International, 23 morts « causés par des tirs de la police ».

Le lendemain, disant avoir entendu la colère, le président avait annoncé le retrait du texte. Ce choix aura « des conséquences [économiques] très lourdes », a averti William Ruto.

« Ruto must go »

« La police a fait de son mieux », a estimé William Ruto, en réaffirmant que « des criminels se sont infiltrés et ont semé le chaos ». « Ceux qui ont attaqué le Parlement et les institutions judiciaires sont sur vidéosurveillance. Beaucoup d’entre eux sont en fuite, mais nous les attraperons. […] Tout policier tueur qui est allé au-delà de ce qui est prévu par la loi sera sanctionné », a-t-il ajouté.

Le 30 juin, quelques centaines de personnes – majoritairement des jeunes – ont marché pacifiquement dans la capitale kényane Nairobi, en hommage aux victimes du mouvement. Ils ont ensuite déambulé en scandant « Ruto Must go » (« Ruto doit partir ») et « Tuesday Holiday » (« mardi jour férié »), en référence à la prochaine journée de mobilisation prévue mardi.

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Née mi-juin sur les réseaux sociaux, cette opposition au projet de budget a fortement mobilisé au sein de la jeunesse, avant d’entraîner dans son sillage des Kényans de tous âges. Le mot d’ordre antitaxes a tourné en contestation contre le président Ruto qui, depuis son arrivée au pouvoir en 2022, a créé et augmenté plusieurs impôts et taxes qui ont durement frappé le pouvoir d’achat des Kényans.

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Ces mesures douloureuses sont nécessaires, selon lui, pour redonner une marge de manœuvre au pays, lourdement endetté. Retirer le projet de budget, « cela signifie que nous sommes revenus presque deux ans en arrière et que cette année, nous allons emprunter 1 000 milliards de shillings (soit 7 milliards d’euros) pour pouvoir faire marcher le gouvernement », a-t-il souligné, en évoquant notamment des conséquences négatives dans les secteurs de l’agriculture et l’éducation.

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« Nous aurions dû mieux communiquer » sur le texte, a-t-il estimé : « Si l’on me donne la possibilité d’expliquer au peuple kenyan en quoi consistait le projet de budget et ce qu’il leur aurait apporté, alors les Kényans seraient d’accord avec moi ».

William Ruto a également répété que des mesures seraient prises pour réduire « l’opulence et l’extravagance » dans le train de vie de l’État, se disant prêt à réduire son propre salaire.

(Avec AFP)

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