Les émeutes font fuir les habitants de Port-Gentil

De nombreux habitants de Port-Gentil (ouest du Gabon) quittaient dimanche matin la ville, où un calme relatif était pourtant revenu après de nouvelles violences survenues dans la nuit malgré le couvre-feu.

Publié le 4 septembre 2009 Lecture : 2 minutes.

"Je préfère quitter Port-Gentil pour sécuriser ma famille", a expliqué un homme qui n’a pas voulu s’identifier, rencontré à un débarcadère du sud de la ville où plusieurs centaines de personnes se pressaient pour prendre des pirogues.

Située sur la presqu’île de Mandji, à une centaine de kilomètres de Libreville, Port-Gentil n’est accessible que par bateau ou avion, aucune route ne la reliant au reste du territoire gabonais. Les compagnies aériennes ont suspendu leurs vols vers la ville en raison des violences.

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Selon plusieurs témoignages, l’exode a commencé depuis le 3 septembre, au premier jour des violences ayant suivi l’annonce de l’élection à la présidence d’Ali Bongo, fils du défunt président Omar Bongo Ondimba. Au moins deux personnes ont trouvé la mort dans ces violences.

Fuite en pirogue

"Nous partons pour éviter de vivre ce que nous avons vécu en 1990", lorsque la ville a été théâtre de graves émeutes, pillages, incendies de bâtiments publics et privés après la mort suspecte d’un opposant originaire de Port-Gentil, a expliqué Virginie Koumba, une mère de famille.

En 1990, "nous avons connu les violences, la faim, le manque d’eau et d’électricité", a-t-elle expliqué.

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Plusieurs grosses pirogues à moteur, ayant chacune à bord des dizaines de personnes, ont quitté les embarcadères du Quai-Rivière et du port.

Certains habitants se plaignaient d’une augmentation du tarif du voyage, passé de 10.000 FCFA à 20.000 FCFA (15,25 à 30,50 euros).

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Appel au calme

Dimanche matin, le calme était revenu dans la ville, après des nouvelles violences pour la troisième nuit consécutive malgré le couvre-feu en vigueur de 20H00 à 06H00 (19H00-05H00 GMT).

Dans le centre-ville et certains quartiers périphériques, des barricades étaient toujours visibles. La circulation était très fluide et quelques résidents se déplaçaient à pied faute de taxis.

Des violences ont éclaté samedi soir pour la troisième nuit consécutive à Port-Gentil, après l’appel au calme par Ali Bongo.

Juste avant que n’éclatent les nouvelles émeutes, il avait déclaré qu’il souhaitait "absolument" que le calme revienne dans le pays.

"Il faut absolument que le calme revienne sur toute l’étendue du territoire", a déclaré M. Bongo dans un entretien samedi à Radio France internationale (RFI).

Déploiement militaire

Placée sous couvre-feu après des violences post-électorales qui ont fait au moins deux morts depuis jeudi, Port-Gentil, est devenue à nouveau le théâtre d’émeutes, selon une source militaire.

"Nous sommes en train de disperser des pillards en utilisant des gaz lacrymogènes à Matanda", un quartier populaire situé au sud de Port-Gentil, a affirmé cette source samedi en début de soirée.

D’autres pillards, selon la même source, ont été signalés peu après à Salsa, un quartier à l’est de la ville.

Ces groupes très mobiles ont installé des barricades sur les principales voies de Port-Gentil pour empêcher les véhicules des forces de l’ordre de circuler. Un nombre important de militaires s’est également déployé au carrefour du Château où avaient éclaté les violences de jeudi et vendredi, selon la même source.

Le Bar Samuel Eto’o fils (du nom du joueur camerounais qui a signé un but et une passe décisive), un lieu de rendez-vous nocturne, était fermé.

"Des jeunes sont passés et voulaient casser. On a préféré fermer jusqu’à demain", a indiqué le propriétaire.

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