Au Cameroun, les amours LGBT de la fille Biya font le buzz
Depuis la Suisse, la fille du président camerounais a posté, sur sa page Instagram, une photo d’elle embrassant une femme, en guise de coming out. Pourtant, le code pénal camerounais qualifie toujours l’homosexualité de « crime de droit commun »…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 2 juillet 2024 Lecture : 2 minutes.
Juin 2023. L’ambassadeur français pour les droits des personnes homosexuelles, bisexuelles et transgenres annule un voyage prévu à Yaoundé, après une note du ministre camerounais des Relations extérieures précisant qu’il « n’est pas possible de parler de personnes LGBT+ » dans le Cameroun dirigé, depuis quatre décennies, par Paul Biya. Un an plus tard, confirmant ce que certains observateurs affirmaient déjà savoir, la fille du chef de l’État et de la première dame actuelle affiche son homosexualité sur les réseaux sociaux.
C’est depuis la Suisse chère à la famille présidentielle que Brenda Biya a posté, sur sa page Instagram, une photo d’elle embrassant la Brésilienne Layyons Valença, avec, pour légende, « Je suis folle de toi, et je veux que tout le monde le sache ». Sur TikTok, celle qui mène une carrière musicale sous le pseudonyme de King Nasty s’était déjà définie comme « un peu du genre masculin et un peu du genre féminin ». Un coming out qui fait réagir.
Au Cameroun, une législation toujours intransigeante
L’article 347-1 du code pénal camerounais prévoit « une peine de six mois à cinq ans de prison et une amende allant jusqu’à 200 000 francs pour toute personne qui a des rapports sexuels avec une personne de son sexe ». Les personnes homosexuelles ou présumées homosexuelles font régulièrement l’objet d’arrestations et de poursuites judiciaires et le régime de Paul Biya traque les allusions LGBT+ jusque dans les moindres « dessins animés allusifs » diffusés à l’intention de la jeunesse.
Populistes, certains politiciens camerounais devinent même dans l’exigence occidentale de respect des minorités sexuelles un prolongement de l’impérialisme culturel. L’intransigeance politique à l’égard des gays et des lesbiennes sait s’appuyer sur une homophobie encore bien répandue au Cameroun. En témoignent de nombreux commentaires outranciers qui accompagnent, sur les réseaux sociaux, les évocations du coming out de la fille Biya. Nombre d’entre eux concluent que nul ne serait être au-dessus de la loi.
La révélation de Brenda Biya ne s’inscrit-elle que dans la recherche de buzz d’un pur produit de la jet set africaine en manque de résonance artistique ? Les semaines qui viennent démontreront si l’artiste s’affirme comme une égérie volontariste des minorités sexuelles. Mais déjà, des militants de la cause LGBT+ ne font pas la fine bouche. Persécutée au Cameroun, la célébrité transgenre aujourd’hui exilée Shakiro a félicité la fille de Paul Biya pour son courage, espérant que le palais d’Etoudi retentisse bientôt de discours tolérants.
Et de conclure : « On va obtenir cette dépénalisation de l’homosexualité grâce à toi ». Certains espèrent en effet utiliser dans le futur le levier de l’amour paternel en exigeant, à l’avance et en cas présumé d’absence de poursuites contre la citoyenne camerounaise Brenda Biya, la libération des homosexuels détenus au Cameroun en raison de leur orientation sexuelle et de leur choix d’identité ou de genre…
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