La tension monte d’un cran dans l’attente des résultats

Des manifestants, parmi lesquels des candidats de l’opposition à l’élection présidentielle gabonaise ont été dispersés jeudi matin par les forces de l’ordre. Les résultats ne sont toujours pas connus, et la population comme la communauté internationale commencent à s’impatienter, redoutant des troubles.

Publié le 3 septembre 2009 Lecture : 3 minutes.

Une "incompréhension" au sein de la commission électorale prolongeait jeudi matin l’attente des résultats de la présidentielle du 30 août au Gabon, alors que les camps de trois candidats persistent à clamer victoire, faisant craindre des troubles.

Les forces de l’ordre ont dispersé jeudi matin les manifestants, dont des candidats à la présidentielle, qui attendaient depuis la veille devant les locaux de la commission électorale l’annonce des résultats.

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Il y a "une certaine difficulté à s’accorder sur la procédure de validation des résultats" entre les membres de l’assemblée plénière de la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cénap), a déclaré le président de la Cénap, René Aboghé Ella, jeudi à l’aube à la télévision publique RTG1.

Au début de ses travaux, l’assemblée plénière – instance de décision de la Cenap -avait buté sur des "problèmes", avec la réception tardive des procès-verbaux des 2.800 bureaux de vote du pays, selon M. Aboghé Ella. "Nous allons continuer à examiner les moyens de sortir de cette petite incompréhension. (…) Nous espérons ne pas dépasser la matinée" de jeudi "pour annoncer des résultats fermes", a-t-il assuré.

Ces chiffres devaient être initialement communiqués mercredi soir. Mais l’assemblée plénière de la Cénap, composée de représentants des acteurs politiques – majorité, opposition, candidats indépendants et gouvernement -, n’a entamé sa réunion qu’à 19H00 locales (18H00 GMT), neuf heures plus tard que prévu, ce qui avait déjà retardé la publication des chiffres officiels.

L’opposition unie

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Sans attendre ces résultats, trois candidats ont déjà affirmé depuis plusieurs jours avoir remporté le scrutin: l’opposant Pierre Mamboundou, l’ex-ministre de l’Intérieur André Mba Obame (indépendant) et Ali Bongo, ex-ministre de la Défense et fils du président Omar Bongo décédé en juin, après 41 ans au pouvoir. Jusqu’à jeudi matin, leurs camps n’en démordaient pas.

Des milliers de personnes se sont rassemblées jusqu’à tard dans la nuit de mercredi à jeudi devant la Cité de la Démocratie, complexe abritant le siège de la Cénap, à l’appel de Pierre Mamboudou et d’autres leaders alliés, en présence d’un important dispositif de gendarmes anti-émeutes. Aucun heurt n’a été signalé sur les lieux.

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M. Mamboundou a été rejoint sur place par M. Mba Obame alors que d’autres candidats Zacharie Myboto (opposition), l’ancien Premier ministre Jean Eyéghé Ndong (indépendant) ralliés à Mba Obame, ainisi que Bruno Ben Moubamba (indépendant) et d’autres leaders politiques sont aussi présents.

"Nous sommes venus pour attendre les résultats du scrutin. Les résultats du changement", expliquait mercredi soir Valjean, un des manifestants. La nuit a été généralement calme à Libreville, dans une ambiance particulière: rues désertes, peu ou aucune circulation, rares piétons même dans des endroits habituellement fréquentés, important dispositif des forces de l’ordre déployés par petits groupes.

Tension palpable

Un malaise, perceptible depuis le jour du scrutin, persistait cependant. Beaucoup de Librevillois ont fait des provisions pour plusieurs jours par crainte de troubles post-électoraux même si les autorités gabonaises se sont portées garantes de la sécurité.

La tension est montée d’un cran après l’attaque à l’arme automatique par des hommes en cagoule, dans la nuit de mardi à mercredi, d’une station satellitaire mobile de la télévision internationale Go Africa, appartenant à Mba Obame, selon cette chaîne.

Dans le même temps, l’envoi de courts messages textes par téléphone (SMS) était suspendu chez les trois opérateurs de téléphonie mobile du pays: Zain, Libertis et Moov.

La France a exhorté au calme et demandé aux candidats de respecter le verdict des urnes et les institutions du Gabon.

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