Le gouvernement rassure avant les résultats de la présidentielle
L’atmosphère était tendue mardi à Libreville en attendant la publication, prévue pour le ce mercredi, des résultats de la présidentielle que trois candidats affirment avoir remportée, alors que le gouvernement s’est voulu rassurant sur la sécurité.
La circulation, habituellement encombrée, était fluide dans la capitale gabonaise. Des forces de sécurité restaient visibles aux carrefours stratégiques depuis leur déploiement lundi pour, selon le gouvernement, "garantir la sécurité des hommes et des biens".
"Nous n’avons peur de rien", a assuré le ministre de l’Intérieur également chargé de la Défense, Jean-François Ndongou.
Le mot "peur" revenait pourtant dans les propos de nombreux résidents de la capitale. Sans être revenue à la normale, l’activité y était meilleure que la veille.
"Irrégularités" et "faiblesses"
Malgré ces assurances, beaucoup au Gabon craignaient des troubles après la présidentielle qui, selon les 35 observateurs de l’Union africaine (UA), s’est déroulée "conformément aux dispositions légales" malgré des "irrégularités" et des "faiblesses".
L’antenne gabonaise d’une ONG panafricaine, le Gerddes-Gabon, a, elle, estimé que le vote "s’est déroulé de manière régulière" et dans le calme, en dépit de plusieurs "faiblesses et insuffisances".
Les résultats officiels de ce scrutin à un tour doivent être communiqués mercredi soir, selon la commission électorale.
Sans attendre ces chiffres, trois favoris parmi 17 candidats demeurés en lice ont clamé victoire: Ali Bongo, ex-ministre de la Défense et fils du défunt président Omar Bongo Ondimba, l’ex-ministre de l’Intérieur André Mba Obame et l’opposant historique Pierre Mamboundou.
Victoire Lasséni Duboze, première femme à briguer la présidence, a reconnu sa défaite, dénonçant toutefois des "difficultés" lors du vote.
Guerre des chiffres
Depuis dimanche soir, les trois favoris se livrent à une bataille de chiffres avec tous les moyens de communication possibles.
Dans la nuit de lundi à mardi, le camp de Mba Obame a assuré dans un SMS avoir gagné avec "50,1%" des voix. La veille, celui de Mamboundou déclarait à la presse l’avoir remporté avec "39,15%" des voix. Plus tôt lundi, Bongo fils s’affirmait "largement gagnant".
"Il n’y en a aucun qui dit la vérité", a affirmé à l’AFP un conseiller présidentiel.
Au siège de campagne de Mamboundou, l’atmosphère était tendue. Plusieurs centaines de personnes avaient passé la nuit devant le bâtiment, à Awendjé (nord-est de Libreville), selon son état-major et des riverains.
"Nous sommes ici pour défendre notre victoire, pour protéger nos leaders et aussi les procès-verbaux (PV) des bureaux de vote", a affirmé l’un d’eux, Georges Moussavou, 42 ans.
Protéger les procès-verbaux
Mba Obame et Mamboundou ont fait part de leur crainte d’une falsification des résultats par le parti au pouvoir ayant investi Ali Bongo. Ils centralisaient à leurs sièges les PV de chacun des 3. 000 bureaux de vote au Gabon et à l’étranger.
Les partisans d’André Mba Obame, qui a mis en garde contre "un coup d’Etat électoral", avaient pris des mesures similaires de protection devant le domicile de leur candidat, près de l’aéoroport (nord-ouest).
"S’ils veulent falsifier les élections, il leur faut les PV. On doit les protéger", a dit l’entourage de Mba Obame.
Dans un entretien au journal Le Parisien, le secrétaire d’Etat français à la Coopération Alain Joyandet a estimé que le nouveau président gabonais devra exercer "un mandat de rupture" après Omar Bongo pour répartir les richesses de façon plus équitable
Omar Bongo est décédé en juin après 41 ans au pouvoir. De l’avis général, peu d’efforts de développement ont été réalisés sous son régime, réputé clientéliste et corrompu.
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