Réforme du Conseil de sécurité : nouveau clin d’œil russe à l’Afrique

Alors que la Russie accédait à la présidence mensuelle du Conseil de sécurité des Nations unies, son représentant a évoqué une fracture géopolitique et la nécessité de voir l’Afrique mieux représentée.

 © Damien Glez

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Publié le 3 juillet 2024 Lecture : 2 minutes.

Grâce à l’ordre alphabétique qui prévaut au Conseil de sécurité des Nations unies (ONU), le mois de juillet offre à la Russie une tribune enviable, au cœur de New-York. Pendant trente-et-un jours, le pays de Vladimir Poutine occupera la présidence tournante de l’organe exécutif d’une organisation que son représentant permanent juge abusivement dominée par ce qu’il nomme « l’Occident collectif ».

Bien décidé à faire de ce mandat « juillettiste » celui d’une coopération multilatérale pour un « ordre mondial plus équitable, démocratique et durable », Vassily Nebenzya a souhaité, le 1er juillet, que soit mieux représenté, dans l’instance suprême de l’ONU, « ce que l’on appelle le monde en développement ou plutôt le Sud global ». Il appelle notamment de ses vœux une place nouvelle pour l’Afrique dans le façonnage de la géopolitique actuelle. Une condition, selon lui, « de la sécurité collective mondiale, […] étant entendu que cette sécurité ne peut être instaurée aux dépens de certains pays ».

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Serpent de mer

Le Conseil de sécurité se compose de cinq membres permanents – Chine, États-Unis, Russie, France et Royaume-Uni – et de dix membres élus, par l’Assemblée générale, pour un mandat de deux ans. Trois pays africains sont actuellement représentés : l’Algérie, le Mozambique et la Sierra Leone. L’idée d’une réforme est régulièrement évoquée, notamment la possibilité pour l’Afrique d’obtenir un ou plusieurs postes permanents au Conseil.

Plusieurs pays ont déjà affiché leur ambition onusienne, comme l’Afrique du Sud, l’Égypte, le Nigeria, le Maroc ou le Sénégal. Comme le choix serait forcément sujet à caution – le continent dénombrant plus d’une cinquantaine de nations –, des experts en géopolitique plaident pour qu’un siège soit accordé à l’Union africaine.

Campagne de séduction russe

Si la Russie plaide pour un « ordre mondial plus juste », c’est qu’elle doit damer le pion à un Occident qui lui donne du fil à retordre en Ukraine. Or, au sein du Conseil de sécurité dont les cinq membres permanents ont des voix proéminentes, il lui sera difficile de scinder la coalition de fait entre les États-Unis, le Royaume-Uni, et la France. Même en cas d’arrivée au pouvoir d’une extrême droite française jugée davantage pro-russe que le régime d’Emmanuel Macron.

En reprenant à son compte l’idée d’une place permanente pour l’Afrique dans le Conseil de sécurité, la Russie relaie et nourrit son plaidoyer en faveur du continent, campagne de séduction qui se déploie dans le cadre d’autres instances, comme les Brics, et toujours lors de déplacements dont la diplomatie russe n’est pas avare.

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Le ministre russe des Affaires étrangères achevait, il y a quelques semaines à peine, une mini-tournée africaine. Bien avant que l’Afrique ne soit membre du Conseil de sécurité, les votes de dizaines de pays africains peuvent s’avérer bien utiles, en cas de résolutions pointant Moscou du doigt.

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