Au Kenya, plus de 270 arrestations après les manifestations
Pour apaiser la rue kényane, le président Ruto a retiré le projet de budget contesté. Mais les autorités ne font pas l’impasse pour autant sur les violences et les dégradations causées par certains manifestants le 25 juin.
Apaisement mais pas d’impunité. La police kényane a annoncé avoir arrêté plus de 270 personnes, dont 204 dans la région de Nairobi et 68 autres dans diverses villes du pays. Ces arrestations ont visé des personnes soupçonnées d’avoir commis des actes criminels lors des rassemblements anti-gouvernementaux qui ont eu lieu le mardi 25 juin. Des pillages et dégâts matériels généralisés ont été signalés lors de ces manifestations, organisées par les jeunes, dans plusieurs régions. Certains manifestants ont admis avoir été « infiltrées » par des « voyous ».
« Les forces de sécurité à travers le pays ont identifié les suspects qui se livraient à des activités criminelles sous couvert de protestation et les ont placés en détention », a déclaré la Direction des enquêtes criminelles (DCI) dans un communiqué publié sur X mardi soir. La DCI ajoute avoir déployé des enquêteurs dans les régions concernées pour « poursuivre les suspects filmés par les caméras de vidéosurveillance et les enregistrements de téléphones portables, qui volent et détruisent violemment les propriétés et les entreprises de citoyens innocents ».
Le Kenya est secoué depuis deux semaines par une vague de contestations, déclenchée par le projet de budget 2024-25 prévoyant de nouvelles taxes, et qui a cristallisé et fait culminer un plus large mécontentement contre le président William Ruto, élu en 2022.
Les mobilisations de mardi 25 juin ont commencé dans le calme, mais ont ensuite dégénéré en violences. La police qui a riposté au début par des gaz lacrymogènes sur les manifestants qui lançaient des pierres, a ensuite tiré à balles réelles sur la foule qui prenait d’assaut le Parlement à Nairobi. Au total, 39 personnes ont été tuées et 361 blessées depuis la première manifestation le 18 juin, avec au moins 22 morts sur la journée sanglante du mardi, selon l’agence officielle de protection des droits humains (KNHCR), qui a également fait état lundi de 32 cas de « disparitions forcées ou involontaires » et 627 arrestations de manifestants.
Des rassemblements de plusieurs centaines de personnes se sont également tenus dans d’autres villes, comme Mombasa, deuxième ville du pays, où des voitures ont été incendiées et au moins un commerce vandalisé. Le mouvement de contestation antigouvernemental – dépourvu de véritable leader et d’organisation – a viré au bain de sang, poussant le président Ruto à retirer le projet de budget contesté. Malgré cette décision, les appels à se mobiliser ont continué mais ont été diversement suivis, notamment au sein de la jeunesse kényane qui était au cœur de la mobilisation.
(avec AFP)
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