A Libreville, les bureaux de vote se débrouillent
L’arrivée au ralenti du matériel et l’absence d’agents électoraux ont retardé l’ouverture des bureaux de vote. Mais au complexe scolaire de Louis, à Libreville, présidents, assesseurs et électeurs se sont organisés et débrouillés.
6H45: au complexe scolaire Louis de la capitale, Stéphane Evina, président du bureau 1, représentant la majorité, attend depuis 5H30 la livraison de matériel. Deux militaires veillent sur la sécurité du bâtiment.
"Je suis confiant. Il suffit de respecter les directives à la lettre", assure Stéphane, qui attend le matériel électoral pour lancer les opérations de vote de cette présidentielle destinée à trouver un successeur à Omar Bongo mort en juin, alors que les bureaux étaient censés ouvrir à 07H00.
Dans une des classes de l’établissement, un des tableaux où les enfants apprennent la lettre "Z" n’a pas été effacé et on peut y lire "Rosalie visite le zoo, elle voit des zébus et des zèbres".
07H45: un camion du génie militaire arrive enfin avec le matériel.
Chaque urne, en plastique transparent, est marquée et contient les listes électorales, les bulletins, affiches explicatives ainsi que le nécessaire pour organiser le vote: encre indélébile, tampons, colle, stylos et rideaux pour les isoloirs.
"Quelqu’un a des punaises? Un clou?", demande Guy Ndong Mve, un observateur proche d’un candidat de l’opposition, Zacharie Myboto.
Dans un autre bureau, deux bouts de ficelle servent à attacher un rideau à la porte d’entrée et au mur.
A proximité dans un autre centre de vote, le rideau est fixé avec des pupitres scolaires empilés les uns sur les autres. Les isoloirs ne correspondent pas aux normes internationales, mais ils tiennent.
Une fois le matériel installé, le vote est encore retardé dans la plupart des bureaux, en l’absence d’un président, d’un vice-président ou d’un assesseur.
Ainsi dans le bureau N°2, Elvys Ndonda, doyen des assesseurs, est "promu" président selon la loi électorale.
"J’ai jamais fait ça de ma vie", dit-il, lisant les consignes d’organisation pendant qu’à l’exterieur des électeurs attendent leur tour pour voter.
"On attend. J’aurais voulu voter tôt pour pouvoir rentrer mais ce n’est pas un problème: l’essentiel est que ça se fasse", affirme une électrice, Sophie Iboutou, parmi une centaine d’autres électeurs.
"Si vous n’avez pas de crédit sur vos téléphones pour appeler les absents, je vous en donne. Mais si on continue comme ça, on n’aura pas voté ce soir!", s’écrie soudainement une autre électrice en regardant des agents électoraux.
"C’est la première fois de ma vie que je vote (. . . ) Aujourd’hui, les choses sont différentes, il y a un espoir de changement", dit un jeune, 31 ans, préférant rester anonyme. Avec 18 candidats, ce scrutin est considéré comme le plus ouvert au Gabon dirigé pendant 41 ans par Omar Bongo.
Hughes N’Wagaya, vice-président d’un bureau soutenant le candidat de l’opposition Jules Aristide Bourdès Ogouliguendé, cherche en vain son nom sur les listes.
"Mon frère qui est inscrit à Okala (nord de Libreville) est inscrit ici et on ne l’a pas rayé. Et, moi qui vote ici depuis longtemps, on m’a retiré. Ils font ça pour nous décourager!"
"Ce retard n’est pas normal. Ca cache quelque chose", s’énerve Cédric Ndinga, un représentant de l’opposant Pierre Mamboundou.
Un électeur proche du parti au pouvoir, ayant investi Ali Bongo, fils du défunt président, soutient que le scrutin est bien organisé.
Retour à l’intérieur des bureaux. La plupart des stylos fournis ne marchent pas. Or, le président et le vice-président de chaque bureau doivent signer les bulletins de vote de chacun des candidats en lice, soit 18. 000 signatures avec 500 électeurs par bureau.
Dans le bureau N°2, il est 9H00 lorsque sonne "A voté" pour le premier électeur.
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