Royaume-Uni : après la victoire du travailliste Keir Starmer, la fin du « plan Rwanda » ?
Le nouveau Premier ministre britannique travailliste, Keir Starmer, promet le retrait de la loi sur l’expulsion de migrants illégaux vers le Rwanda.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 5 juillet 2024 Lecture : 2 minutes.
Après 14 ans de règne et cinq mandats consécutifs de Premiers ministres issus de leur camp, les conservateurs britanniques viennent d’essuyer une défaite cinglante, ce vendredi, aux élections générales. Selon les estimations, les travaillistes — élus de gauche modérée — constitueraient une majorité absolue de plus de 400 sièges dans une Chambre des communes qui n’en requiert que 326 pour gouverner. L’avocat Keir Starmer a été chargé de piloter le nouveau gouvernement, et ses ministres devront rassurer l’opinion, après les effets délétères du Brexit en matière d’austérité, de coût de la vie ou d’état du système de santé public.
En ce qui concerne l’Afrique, le nouveau Premier ministre, qui a donné son premier discours devant le 10 Downing Street vendredi midi, a promis le retrait de la loi controversée sur l’expulsion de migrants illégaux vers le Rwanda, tout en évoquant du « sérieux » et de la fermeté sur les questions migratoires.
Polémique rwando-britannique
Dans une stratégie dite « d’externalisation de l’asile », les parlementaires britanniques adoptaient formellement, le 23 avril dernier, le projet de loi permettant la délocalisation, vers Kigali, de tous les demandeurs d’asile entrés illégalement au Royaume-Uni, notamment après une traversée de la Manche en canots.
L’accord migratoire défini sur cinq ans portait sur une enveloppe financière totale estimée à 500 millions de livres (près de 600 millions d’euros), notamment via un “fond de transformation économique et d’intégration » pour le Rwanda et la prise en charge des vols et de trois mois d’hébergement des expulsés.
Si la communauté internationale s’était émue d’une pratique pour le moins surréaliste, un premier demandeur d’asile avait été transféré, fin avril, vers l’Afrique de l’Est. Sans la déconvenue des résultats électoraux, le gouvernement de Rishi Sunak entendait expulser, au Rwanda, 5 700 demandeurs d’asile « d’ici la fin de l’année », soit 10% des personnes arrivées au Royaume-Uni, par la Manche, en 2022 et 2023.
Trompe-l’œil progressiste ?
Le pays, dont les tentations souverainistes ont provoqué, en 2016, la rupture du cordon ombilical avec l’Union européenne, fait-il finalement exception, sur un continent où l’on annonce, nation après nation, la progression des partis de droite radicale anti-immigration, de la Hongrie aux Pays-Bas, en passant par l’Italie et cette France où le Rassemblement national domine l’échiquier politique ? Le progressiste Keir Starmer remplace certes le conservateur Rishi Sunak, mais la victoire des travaillistes cache une percée historique de l’extrême droite.
La formation politique de Nigel Farage, Reform UK, a beau ne recueillir qu’environ 15% des suffrages dans tout le pays, son leader est fier d’être élu, après sept échecs. Il affirme que sa mouvance — bien plus représentée au Parlement — va rapidement incarner l’alternative à « l’establishment » de droite comme de gauche.
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