RDC : 22 militaires passibles de la peine de mort pour « fuite devant l’ennemi »

Accusés notamment de « gaspiller les munitions » pour s’enfuir « au lieu de défendre la nation », 22 militaires congolais risquent la peine capitale. Le verdict sera rendu lundi 8 juillet, soit quelques jours après la condamnation à mort de 27 autres militaires des FARDC pour le même motif.

Des soldats des FARDC creusent des tranchées sur une position militaire de première ligne au-dessus de la ville de Kibirizi, contrôlée par la rébellion du M23, dans la province du Nord-Kivu, à l’est de la RDC, le 14 mai 2024. © ALEXIS HUGUET / AFP

Des soldats des FARDC creusent des tranchées sur une position militaire de première ligne au-dessus de la ville de Kibirizi, contrôlée par la rébellion du M23, dans la province du Nord-Kivu, à l’est de la RDC, le 14 mai 2024. © ALEXIS HUGUET / AFP

Publié le 7 juillet 2024 Lecture : 2 minutes.

La peine de mort a été requise samedi contre 22 militaires congolais poursuivis notamment pour « fuite devant l’ennemi » sur le front des opérations contre le M23 dans l’est de la République démocratique du Congo.

Les 22 militaires, dont trois capitaines, comparaissaient dans le cadre d’un procès ouvert jeudi à Lubero (est), en audience foraine publique du tribunal militaire de garnison de Butembo, dans la province du Nord-Kivu.

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Ils sont poursuivis pour « lâcheté », « fuite devant l’ennemi », « dissipation de munitions de guerre », « violation des consignes », meurtre, vol, pillages ou encore extorsion, selon l’acte d’accusation.

Dans son réquisitoire, la capitaine Kahambu Muhasa Mélissa, représentante du ministère public, a appelé le tribunal militaire à « les condamner à la peine la plus lourde : la peine de mort ». Ces militaires « ont gaspillé les munitions pour se donner un couloir [et s’enfuir] au lieu de défendre la nation », a-t-elle insisté.

« C’est à cause de la faim »

Appelée à plaider juste après, la défense des militaires a vivement réagi à cette demande. « On laisse des militaires cinq jours sans manger sur la ligne de front, que vont-ils faire ? » s’est interrogé Jules Muvweko, avocat des 22 militaires. « C’est le gouvernement qui doit prendre soin des militaires au front pour éviter tout ceci. »

Pour l’infraction de « fuite devant l’ennemi, nous plaidons non coupable », tandis que « pour les autres infractions, nous plaidons coupable avec admission des circonstances atténuantes », a déclaré Jules Muvweko. « C’est à cause de la faim qu’il y a eu pillages […], voilà pourquoi nous sollicitons les circonstances atténuantes », a insisté l’avocat.

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Ces militaires font partie de plusieurs unités des Forces armées de la RDC (FARDC) engagées sur les fronts des opérations contre les rebelles du M23, sur l’axe entre Kanyabayonga et Kaseghe, dans le territoire de Lubero.

Le président du tribunal a décrété la fin de débats et indiqué que le jugement serait rendu lundi.

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Multiplication des procès

Vendredi, le tribunal avait prononcé deux peines de mort, à l’encontre d’un soldat de deuxième classe et d’un caporal. Dans le même contexte, ce même tribunal avait prononcé mercredi la peine de mort contre 25 autres militaires dans le village d’Alimbongo, à 70 km de Lubero.

Ces procès ont lieu alors que la rébellion du M23 (« Mouvement du 23 mars »), soutenue par le Rwanda, s’est emparée la semaine dernière de nouvelles localités sur le front nord du conflit en cours depuis deux ans et demi dans le Nord-Kivu. Depuis fin 2021, cette rébellion a conquis de vastes pans de territoire de la province, jusqu’à encercler presque entièrement son chef-lieu, Goma.

(Avec AFP)

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