La Cedeao menacée de « désintégration » après la création d’une confédération des pays du Sahel

Le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a été appelé à endosser le rôle d’ « émissaire » auprès du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Le Nigérian Bola Tinubu reste à la tête de l’organisation.

Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye après la clôture de la session ordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao à Abuja, le 7 juillet 2024. © Kola Sulaimon / AFP

Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye après la clôture de la session ordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao à Abuja, le 7 juillet 2024. © Kola Sulaimon / AFP

Publié le 8 juillet 2024 Lecture : 2 minutes.

La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), réunie en sommet le 7 juillet à Abuja, a prévenu que la région risquait la « désintégration » après la création, par les régimes militaires du Niger, du Mali et du Burkina d’une « confédération ».

La veille à Niamey, les trois pays avaient annoncé la formation de cette « Confédération des États sahéliens ». Leur premier sommet est une nouvelle épreuve pour la Cedeao, dont le Mali, le Burkina et le Niger ont claqué la porte il y a plusieurs mois. Les mesures que prendra le bloc ouest-africain en réaction n’étaient pas connues à l’issue de son sommet organisé à Abuja.

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Le président du Nigeria Bola Tinubu a appelé le nouveau dirigeant sénégalais Bassirou Diomaye Faye à endosser le rôle d’ « émissaire » auprès du Mali, du Burkina Faso et du Niger, sans donner plus de détails. « Nous devons tout faire pour éviter le retrait des trois pays frères de la Cedeao. Ce serait le pire des scénarios et une grande blessure au panafricanisme que les pères fondateurs nous ont légué », a déclaré le président sénégalais, appelant à « engager les réformes idoines pour adapter la Cedeao aux réalités de son temps ».

Risque d’ « isolement diplomatique et politique »

Le chef de la Commission de la Cedeao, Omar Alieu Touray, a prévenu que Bamako, Ouagadougou et Niamey risquaient l’ « isolement diplomatique et politique », et la perte de millions d’euros en investissements. Leurs ressortissants pourraient également devoir obtenir des visas pour voyager dans la région, a-t-il dit, sans préciser quand la mesure pourrait prendre effet. La rupture va aussi aggraver l’insécurité régionale et entraver l’établissement d’une force régionale, a-t-il ajouté.

« En dehors des nombreuses menaces liées à la paix et à la sécurité ainsi que les défis liés à la pauvreté, notre région est également confrontée aux risques de désintégration », s’est-il alarmé.

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Les dirigeants du Niger, du Mali et du Burkina sont arrivés au pouvoir par des coups d’État ces dernières années et ont annoncé en janvier leur départ commun de la Cedeao.

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Les trois pays ont rompu avec la France, ancienne puissance coloniale, faisant partir les troupes françaises qui étaient stationnées chez eux.

Le général Abdourahamane Tiani, le leader nigérien, a appelé à construire « une communauté éloignée de la mainmise des puissances étrangères ». Il a aussi affirmé que les peuples des trois pays avaient « irrévocablement tourné le dos à la Cedeao », rejetant les appels du bloc à rentrer dans les rangs.

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Le retrait des pays du Sahel de la Cedeao a été alimenté en partie par leur accusation selon laquelle Paris manipulait l’organisation régionale et ne fournissait pas un soutien suffisant aux efforts anti-jihadistes.

Force militaire

À la veille du sommet de la Cedeao, les ministres de la Défense et des Finances des pays membres se sont penchés sur le financement d’une « force régionale de lutte contre le terrorisme et de rétablissement de l’ordre constitutionnel », proposée de longue date par la Commission de la Cedeao.

Leur projet prévoit la création d’une unité initiale de 1 500 hommes, et une proposition visait à rassembler ensuite une brigade de 5 000 soldats, pour un coût d’environ 2,6 milliards de dollars par an. La Cedeao a déjà lancé des interventions militaires par le passé, mais sa menace de le faire après le coup d’État au Niger s’est évanouie.

(Avec AFP)

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