Résultats des élections législatives en France : Ben Cheikh et Lakrafi conservent leur siège

Le député de gauche Karim Ben Cheikh et la sortante macroniste Amélia Lakrafi vont retrouver les bancs de l’Assemblée nationale française. Au niveau national, la situation est très confuse et pourrait mettre plusieurs jours à se décanter.

Amélia Lakrafi, députée Ensemble, conserve son siège de représentante de la 10e circonscription des Français établis hors de France © Patrick KOVARIK/AFP

Publié le 8 juillet 2024 Lecture : 4 minutes.

Si les résultats au niveau national ont créé la surprise, le second tour des législatives anticipées dans les circonscriptions des Français résidant en Afrique ont vu les deux députés sortants conserver leur siège, tout en respectant la logique du premier tour.

Dans la 9e circonscription, la gauche l’emporte encore

Comme prévu, le député sortant de la 9e circonscription, Karim Ben Cheikh, a été réélu haut la main. Il a recueilli 74,71 % des suffrages exprimés dans son duel face à Samira Djouadi (Ensemble, ex-majorité macroniste), selon les résultats officiels du ministère de l’Intérieur. Le candidat du Nouveau Front populaire, issu du parti Génération.s (parti fondé par l’ancien ministre socialiste Benoît Hamon), a donc été choisi par les électeurs locaux pour un troisième mandat. Au premier tour, il avait recueilli plus de 50 % des voix, mais la faible participation lui avait imposé un second tour. Ce dimanche, la participation est restée faible, avec seulement 28,55 % des inscrits qui ont voté.

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Pour rappel, cette circonscription regroupe les résidents français d’Algérie, du Maroc, de la Tunisie mais aussi de la Libye, du Burkina Faso, du Mali, du Niger, de la Mauritanie, du Cap-Vert, de la Gambie, de la Guinée, de la Guinée-Bissau, du Sénégal, de la Sierra Leone, de la Côte d’Ivoire et du Liberia.

Dans certaines villes de la circonscription, Karim Ben Cheikh obtient un véritable plébiscite : 85,66 % des suffrages à Alger ; 86,14 % à Oran ; 79,73 % à Rabat ; 80,42 % à Tunis, etc.

Dans la 10e circonscription, la candidate macroniste aussi reste en place

Dans la 10e circonscription, c’est la candidate Ensemble (mouvement d’Emmanuel Macron) Amélia Lakrafi qui l’a emporté, avec 53,23 % des voix, contre la socialiste Elsa Di Méo (Nouveau Front populaire). Une élection assez serrée puisque seulement 2069 bulletins séparaient les deux femmes.

Les réserves de voix à droite ont donc permis à Amélia Lakrafi de conserver son siège, malgré sa deuxième position au premier tour. Elle avait été déjà élue en 2017, puis en 2022.

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Cette immense circonscription regroupe les Français vivant au Cameroun, au Gabon, au Bénin, au Togo, en RDC, au Congo, en Centrafrique, au Tchad, en Égypte, dans toute l’Afrique de l’Est et du Sud, mais aussi en Irak, en Jordanie, au Liban, en Syrie, en Arabie saoudite, au Bahreïn, aux Émirats arabes unis, au Koweït, à Oman, au Qatar et au Yémen.

Une surprise en Europe du Sud et Israël

À noter, dans la 8e circonscription (comprenant l’Italie, la Grèce, la Turquie, Malte mais aussi Israël), le controversé Meyer Habib, député apparenté Les Républicains (droite), a été battu par la candidate Ensemble Caroline Yadan. La représentante du camp présidentiel l’emporte avec 52,7 % des voix, contre 47,3 % pour Meyer Habib.

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Siégeant à l’Assemblée depuis 2013, il a suscité plusieurs polémiques au cours de ses différents mandats. Proche du premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, il a défendu sans nuance l’attaque de Tsahal sur la bande de Gaza. Dans une vidéo postée sur X (et réalisée depuis le Mur des lamentations à Jérusalem), il reconnait sa défaite mais accuse son adversaire de s’être « alliée à l’extrême gauche antisémite », se disant « inquiet pour la France » et terminant par : « Ce n’est qu’un au revoir. »

La gauche en tête, mais loin de la majorité… Qui pour gouverner la France ?

Au niveau national, les résultats du second tour forment un paysage politique très incertain. L’alliance de gauche (le Nouveau Front populaire) sort en tête avec 182 sièges, Ensemble en compte 168 et le Rassemblement national finit très loin des estimations avec seulement 143 sièges. Aucun de ces trois blocs n’a donc recueilli la majorité absolue des sièges, fixée à 289. La Constitution indique que le président de la République nomme le chef du gouvernement. Et les pouvoirs de l’Assemblée (notamment la motion de censure qui fait qu’une majorité de députés peut faire tomber un gouvernement) font que le chef de l’État doit choisir son Premier ministre au sein de la majorité ou au moins du mouvement arrivé en tête des élections pour assurer une certaine stabilité et respecter le choix démocratique.

L’Élysée a fait savoir qu’Emmanuel Macron, qui partira mardi 9 juillet à Washington pour participer au sommet de l’Otan, attendrait la « structuration » de la nouvelle Assemblée « pour prendre les décisions nécessaires ». Les nouveaux députés se retrouveront le 10 juillet à l’Assemblée et commenceront à déterminer leurs groupes parlementaires dans la foulée. Ils doivent le faire avant le 18 juillet. Les partis du Nouveau Front populaire ont annoncé qu’ils proposeront dans la semaine le nom d’un candidat au poste de Premier ministre.

Comme le veut la coutume, le Premier ministre Gabriel Attal a présenté sa démission, mais Emmanuel Macron lui a demandé de rester « pour le moment » afin d’« assurer la stabilité du pays » lors d’un entretien entre les deux hommes le 8 juillet matin. Quoi qu’il arrive, il faudra faire avec cette assemblée pendant au moins un an, le chef de l’État étant contraint d’attendre ce délai pour procéder à une nouvelle dissolution.

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