Présidentielle algérienne : le RCD opte pour le boycott
Évoquant une « supercherie électorale » qui ne suscite « aucun intérêt chez l’écrasante majorité des Algériens », le parti annonce toutefois un « boycott actif » et une campagne expliquant sa décision aux électeurs.
Sans attendre le 18 juillet, date limite de dépôt des dossiers de candidature, pour être fixé sur la décision de l’actuel chef de l’État Abdelmadjid Tebboune de briguer ou non un deuxième mandat, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), l’une des principale forces de l’opposition, a décidé de boycotter le scrutin présidentiel de septembre prochain. C’est à ce jour la seule formation politique algérienne importante à avoir fait ce choix.
La tendance était dans l’air depuis l’annonce, au mois de mars 2024, que l’organisation de l’élection allait être anticipée. Vendredi 5 juillet, la décision a été actée par la session du conseil national.
Dès l’ouverture des travaux, Athmane Mazouz, le président du RCD, a expliqué sa position, tout en laissant aux membres du conseil le soin de prendre la décision finale. « Je n’ambitionne pas d’être candidat à cette supercherie électorale, malgré les sollicitations de certains amis et militants. Ma conviction est que notre session connaisse un débat serein et responsable pour sortir avec une décision qui honorera le parti et son parcours, pour le protéger et le propulser à des lendemains meilleurs. »
Pour le chef du parti, « l’impasse algérienne est d’abord un déficit de confiance et cette élection n’a rien de régulier. On sait tous que le pouvoir a fait le choix d’une non-élection pour la reconduction des débris du système, avec un compagnonnage islamo-conservateur qui prépare le lit des dérives et des divisions. Il faut savoir que le problème sera moins avant [l’élection du 7 septembre] qu’au lendemain du 7 septembre. Il va falloir convaincre le citoyen de garder espoir et de se mobiliser pour sauver le pays d’un naufrage certain. »
Le climat dans lequel se prépare le prochain scrutin est tel, selon Athmane Mazouz, qu’il ne suscite à deux mois de sa tenue « aucun intérêt chez l’écrasante majorité des Algériens, réduite à la misère, aux pénuries et à une inflation qui dépasse tout entendement ». Avant d’ajouter : « Le comble est qu’à ce désordre général, à une douzaine de jours de la clôture des candidatures, on assiste à une quasi absence de précampagne électorale, où aucun message n’est destiné au citoyen, sauf d’aller voter. »
Ne pas cautionner le processus électoral
Sans surprise, les membres du conseil national ont entériné l’option du boycott en fin de journée, estimant dans leur résolution finale que participer au prochain rendez-vous électoral mettrait le RCD en contradiction avec son analyse de la situation politique du pays. « Personne ne peut prétendre que cette élection présidentielle, la plus fermée dans l’ère du multipartisme, et qui se déroule alors que la répression continue et que la chape de plomb sur les médias est sans précédent, peut être une tribune pour porter un message. Encore moins invoquer une quelconque compétition dans ce scrutin. Présenter une candidature dans ces conditions ne peut être qu’une caution à ce nouveau viol de la souveraineté du peuple algérien », argumentent-ils.
Pour le RCD, bouder le prochain scrutin présidentiel ne signifie pas pour autant déserter le terrain électoral. Il s’agira, précise le mouvement, d’un « boycott actif » ponctué de meetings pour expliquer le pourquoi d’une telle décision.
Cette campagne anti-scrutin, le parti d’Athmane Mazouz devra toutefois la mener sans la contribution du Front des forces socialistes (FFS), le plus vieux parti de l’opposition qui dispose, comme le RCD, d’un ancrage solide en Kabylie, région traditionnellement frondeuse. Pour la première fois depuis 2019, le FFS a en effet décidé de présenter un candidat le 7 septembre prochain. Quant au Mouvement pour la société et la paix (islamiste) et au Parti des travailleurs, qui ont boycotté le dernier scrutin présidentiel de décembre 2019, ils ont eux aussi annoncé, cette fois, leur participation.
Jil Jadid enfin, la formation politique de Soufiane Djilali, a annoncé le 8 juin, à l’issue de son conseil national, avoir opté pour une voie médiane : ne choisissant ni la participation ni le boycott, elle appelle plutôt ses militants et sympathisants à s’organiser pour préparer les élections législatives et locales qui suivront la future présidentielle.
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