100 jours de Bassirou Diomaye Faye : le « Sénégal nouveau » est-il esquissé ?
Arrivé au pouvoir en avril, le président est déjà confronté au bilan d’étape symbolique des 100 premiers jours. Il défend une impulsion et des actes.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 10 juillet 2024 Lecture : 2 minutes.
Quel que soit le pays, l’état de grâce dure de moins en moins longtemps, en particulier dans les contrées démocratiques qui font fi de la chape de plomb communicationnelle et de la propagande populiste. Le développement de la culture civique des populations et la vulgarisation des technologies de l’information y proscrivent largement l’enfumage politicien.
Urgences économiques et diplomatiques
Même élu pour 1 825 jours, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye n’échappe pas au bilan des cent jours. Souvent appliqué aux chefs d’État, notamment par les milieux journalistiques, l’exercice est quasiment devenu une symbolique incontournable. Le pouvoir bicéphale sénégalais peut d’autant moins s’y soustraire qu’il a promis une rupture radicale à pas cadencé, que sa jeunesse inédite est censée rimer, et qu’il incarne l’accélération de l’Histoire, lui qui connut, en un court intervalle, cachot et palais.
En une centaine de jours, le duo Faye-Sonko se devait d’esquisser ladite rupture. Côté économie, la première mesure médiatisée fut une baisse des prix de certains produits de première nécessité comme le pain, l’huile ou le sucre.
Mais pour mieux récolter et mieux redistribuer, le régime frais émoulu demande la patience nécessaire au bon déroulement de plusieurs audits destinés à traquer la corruption et définir la bonne gouvernance. Sont concernés des secteurs comme les comptes des ministères, les chantiers publics dans les zones maritimes, les constructions en zones touristiques et résidentielles ou encore les hydrocarbures qui constituent l’horizon économique nouveau.
Sur le plan diplomatique, le président sénégalais devait s’ancrer dans son positionnement intermédiaire entre les vieilles gardes africaines francophiles et les jeunes pousses putschistes anti-impérialistes. Le souverainiste s’est rendu au Mali et au Burkina Faso, sans pour autant prendre de distance avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et sans snober, en France, le Forum mondial sur la vaccination. La ligne diplomatique médiane de Diomaye Faye a même fait de lui le candidat idéal à une médiation entre la Cedeao et la nouvelle Confédération des États du Sahel (AES).
Bienveillance citoyenne ?
Pour le reste, chaque Sénégalais voit midi à sa porte. Les acteurs de la justice espèrent la mise en forme des recommandations des récentes assises. Du côté des victimes des manifestations qui ont eu lieu entre 2021 et 2024, la création d’une commission d’indemnisation est attendue. De même, l’Assemblée nationale n’a pas encore enfanté le projet de loi promis sur la protection des lanceurs d’alerte. Des observateurs critiquent même certaines nominations de haut rang qui ont eu lieu, dans l’administration, sans appels à candidature.
Au regard du programme de rupture des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), les attentes des Sénégalais sont énormes mais les micros-trottoirs témoignent d’une certaine patience. D’ailleurs, de même que le régime a besoin de temps pour déployer toute sa politique, les opposants semblent avoir besoin, eux aussi, de plus de cent jours pour réorganiser une fronde efficace.
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