Algérie : Tebboune en visite à Tizi Ouzou juste avant l’annonce de sa candidature
Alors que l’annonce de sa candidature à la présidentielle devrait intervenir au plus tard dans une semaine, le chef de l’État s’est rendu dans la ville de Tizi Ouzou, en Kabylie, pour inaugurer des projets lancés sous le règne de son prédécesseur.
La dernière fois qu’Abdelmadjid Tebboune s’est rendu à Tizi Ouzou, à 90 kilomètres à l’ouest d’Alger, c’était en… juin 1991. À l’époque, il était wali (préfet). C’était hier, c’était il y a une éternité. Ce mercredi 10 juillet 2024, il y a effectué une nouvelle visite, cette fois en qualité de président de la République, et très bientôt candidat à sa propre succession.
Précautions
Une visite dans la capitale de la Kabylie maintes fois annoncée, maintes fois reportée. Bien que Tebboune ait confié une ou deux fois qu’il connait bien cette région pour y avoir été préfet pendant deux ans, organiser une visite d’un chef d’État dans cette zone frondeuse n’est pas une sinécure. Il faut d’abord prendre toutes les précautions afin que le bref passage du président ne donne pas lieu à des démonstrations de protestation de la part des habitants de Tizi Ouzou ou des villages qui constellent les montagnes de Kabylie.
D’autant que les motifs de contestation ne manquent pas : les feux de forêt qui ont ravagé cette région durant les étés 2021 et 2023 faisant plusieurs dizaines de victimes et d’importants dégâts ont laissé chez les populations le sentiment que l’État était absent, pendant et après ces tragédies. La condamnation à la peine capitale de 38 personnes originaires de Larba Nath Irathen dans le cadre du meurtre en août 2021 de Djamel Bensmail continue de provoquer colère et indignation chez les familles des condamnés, ainsi que chez les habitants de la région.
Il était donc impératif de s’assurer que d’éventuelles actions de protestation ne viennent pas déborder sur le programme de la visite présidentielle. Comme l’administration et les services de sécurité savent s’y bien le faire depuis de décennies, la foule qui s’est massée sur les trottoirs de la ville de Tizi Ouzou, celle qui a acclamé le chef de l’État avec drapeaux et youyous, a été soigneusement triée sur le volet afin d’éviter toute mauvaise surprise.
Parmi les temps forts de cette visite « de travail et d’inspection », qui intervient quelques semaines avant le début de la campagne électorale pour la présidentielle du 7 septembre, l’inauguration par Abdelmadjid Tebboune, toujours accompagné du chef d’état-major de l’armée Saïd Chengriha, du nouveau stade de Tizi Ouzou baptisé du nom de Hocine Aït Ahmed, l’une des figures de la révolution et fondateur du FFS (Front des forces socialistes) décédé en décembre 2015. C’est là qu’évoluera le club de la Jeunesse sportive de Kabylie (JSK).
Construit par le groupe ERTHB de l’homme d’affaires Ali Haddad, qui purge depuis l’été 2019 une peine de 12 ans de prison, ce stade d’une capacité de 50 000 places a coûté pas moins de 350 millions d’euros. Il avait été construit et presque entièrement achevé entre 2010 et 2019, à l’époque où le président Bouteflika était encore au pouvoir, comme les deux autres stades que Tebboune a inaugurés, celui de Douera, début juillet, et celui de Baraki, en janvier 2023.
Barrages et stations de dessalement
Le chef de l’État a aussi suivi un exposé détaillé sur le pôle urbain d’Azazga (30 km à l’ouest de Tizi Ouzou), et un autre sur le projet de réalisation d’une station de dessalement de l’eau de mer à Tamda Ouguemoun, également lancé sous la présidence de Bouteflika. Le projet du barrage de Sidi Khelifa dans la commune d’Azeffoun, également confié en 2018 à ETRHB pour 8,4 milliards de dinars ( environ 57,7 millions d’euros ), et celui du barrage de Souk N’Tleta, à Maâtkas, attribuée en 2014 à l’entreprise turque Nurol-Ozaltin, ont été présentés au chef de l’État. Il a également écouté la présentation du projet de liaison entre Tizi Ouzou et l’autoroute Est-Ouest, qui avait été confié en 2014 au consortium Özgün-Nurol İnşaat et Engoa pour 500 millions d’euros.
Comme il est de coutume, Abdelmadjid Tebboune s’est offert un bain de foule sur quelques centaines de mètres, entre deux rangées de badauds qui attendaient le cortège présidentiel avec des drapeaux, des fanions et des casquettes mis à leur disposition par les autorités locales. Le chef de l’État a terminé sa visite par une rencontre avec des membres de la société civile, triés sur le volet eux aussi, à la Maison de la Culture Mouloud-Mammeri, du nom du célèbre écrivain qui s’est distingué par son engagement pour la reconnaissance de la langue et de la culture berbère.
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