En Guinée, deux responsables d’un mouvement opposé à la junte arrêtés

Le FNDC, collectif créé en 2019 pour s’opposer à un troisième mandat du président Alpha Condé, a continué à opérer après l’arrivée de Mamadi Doumbouya au pouvoir. Les autorités ont prononcé sa dissolution en 2022 après avoir interdit toute manifestation.

Les leaders du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) à leur sortie de prison à Conakry, le 11 mai 2023. © Afropages/DR

Publié le 11 juillet 2024 Lecture : 2 minutes.

Le chef d’un des mouvements citoyens les plus actifs contre la junte au pouvoir en Guinée, ainsi qu’un autre responsable, ont été arrêtés le 9 juillet, a annoncé leur organisation sur les réseaux sociaux. L’arrestation d’Oumar Sylla, plus connu sous le nom de Foniké Menguè, et de Mamadou Billo Bah, a provoqué un concert de protestations et des inquiétudes pour leur intégrité physique. Ils ont été arrêtés au domicile de Foniké Menguè par des gendarmes et des soldats d’unités d’élite, a indiqué le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), qui parle de « kidnapping » en contradiction avec toutes les procédures d’interpellation.

Ils ont été brutalisés et conduits à la direction des investigations judiciaires de la gendarmerie, puis sur l’île de Kassa, au large de Conakry, ils sont détenus au secret, dit le FNDC. Ils sont « exposés à de graves dangers », dit le FNDC. Le collectif des avocats qui les défend a dit dans un communiqué qu’il était sans nouvelles d’eux et qu’il « craint pour leur sécurité et leur vie ».

la suite après cette publicité

Leur arrestation est la dernière en date d’une longue série en cours depuis que le colonel Mamadi Doumbouya, aujourd’hui investi président et promu général, a pris le pouvoir par la force en septembre 2021. Le FNDC, collectif de la société civile créé en 2019 pour s’opposer, vainement, à un troisième mandat du président Alpha Condé (renversé en 2021), a continué à opérer sous la junte. Il est l’une des dernières voix à contester le pouvoir de l’intérieur et à tenter de mobiliser pour un retour des civils à la tête du pays. Les autorités ont prononcé la dissolution du FNDC en 2022 après avoir interdit toute manifestation.

Le brief. Les clefs de l'actualité africaine dans votre boite mail

Chaque semaine, recevez les 5 infos de l'actualité africaine décryptées par nos journalistes.

Image

Les grands partis sont réduits à l’inaction. Nombre de dirigeants de l’opposition ont été arrêtés, mis en cause devant les juges ou poussés à l’exil. Foniké Menguè, coordinateur national du FNDC, a été arrêté à plusieurs reprises sous Alpha Condé et Mamadi Doumbouya. Il a passé plusieurs mois en prison. Mamadou Billo Bah, responsable des antennes et de la mobilisation du FNDC, a été détenu près de quatre mois en 2023.

Des manifestations pour la libération des deux hommes, d’un troisième responsable du FNDC et de tous les prisonniers considérés comme politiques avaient alors causé la mort de sept personnes, selon l’opposition, ce qu’avait contesté la police.

L’ancien chef d’état-major de l’armée et ex-numéro deux de la junte, le général Sadiba Koulibaly, tombé en disgrâce, est mort en détention en juin dans des circonstances mystérieuses après avoir été condamné à cinq ans de prison ferme pour désertion et détention illégale d’armes.

la suite après cette publicité

(Avec AFP)

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Quelques jours après son coup d’État, le chef de la junte guinéenne recevait une délégation de la Cedeao, à Conakry, le 10 septembre 2021. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Guinée : Mamadi Doumbouya, le pouvoir d’un seul

Mamadi Doumbouya, le président de la transition guinéenne, en mars 2024. © Présidence de la République de Guinée

Mamadi Doumbouya jamais tu ne diffameras

De g. à dr. : Mamadi Doumbouya (Guinée), Abdourahamane Tiani (Niger), Brice Clotaire Oligui Nguema (Gabon), Ibrahim Traoré (Burkina Faso) et Assimi Goïta (Mali). © MONTAGE JA : JOHN WESSELS / AFP ; DR ; Présidence de la République du Gabon ; Présidence du Faso ; Francis KoKoroKo/REUTERS

Transitions en Afrique : un provisoire devenu permanent

Contenus partenaires