Clinton apporte un soutien clair à Sirleaf
La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a clairement réaffirmé, jeudi au Liberia, le soutien des Etats-Unis à la seule femme chef d’Etat en Afrique, Ellen Johnson Sirleaf, mise en cause à Monrovia pour son implication présumée dans la guerre civile (1989-2003).
Le Liberia, petit pays d’Afrique de l’Ouest fondé en 1822 par la Société américaine de colonisation (American Colonisation Society) qui y installa des esclaves affranchis, constituait la sixième étape de la tournée africaine de Mme Clinton, qui s’achève vendredi au Cap-Vert.
A Monrovia, une pluie torrentielle attendait la chef de la diplomatie américaine, mais elle y a reçu l’un des accueils les plus chaleureux de son voyage. Comme son cortège passait devant des maisons délabrées, des dizaines d’écoliers ont enduré la pluie pour se réjouir, une nouvelle fois, de l’élection en novembre du premier président afro-américain, Barack Obama.
"Modèle de transition réussie"
"Aujourd’hui, le Liberia est un modèle de transition réussie de la guerre à l’après-guerre, de l’anarchie à la démocratie, du désespoir à l’espérance", a affirmé Mme Clinton après s’être entretenue avec la présidente Sirleaf, 70 ans, élue en 2005.
"Nous apportons notre soutien et nous continuerons à le faire parce que nous pensons que le Liberia est sur la bonne voie, aussi difficile que le chemin puisse être" a-t-elle ajouté, en attribuant à Mme Sirleaf le mérite d’avoir contribué à ranimer une économie ravagée par 14 années de conflit.
Mais dans son propre pays, la présidente libérienne est sur la sellette.
La Commission Vérité et réconciliation a demandé, en juin, qu’elle n’ait plus le droit d’occuper un poste officiel pendant 30 ans, en lui reprochant d’avoir financièrement soutenu l’ex-chef de guerre Charles Taylor.
Appel à l’uinité parlementaire
En 1989, Taylor avait lancé une rébellion qui avait plongé le Liberia dans la guerre civile (300. 000 morts), avant de se faire élire président en 1997.
Mme Sirleaf a toujours démenti avoir été membre du mouvement de Taylor. Mais elle avait reconnu, en février, l’avoir rencontré plusieurs fois pendant la guerre civile et admis avoir collecté des fonds pour lui, lorsqu’il se préparait à renverser le président libérien Samuel Doe dans les années 80.
A l’Assemblée nationale libérienne, Mme Clinton a lancé un appel à l’unité aux parlementaires qui s’étaient affrontés durant la guerre civile.
Evoquant sa propre expérience, elle a déclaré avoir dépensé "deux années et beaucoup d’argent" à rivaliser avec Barack Obama pour l’élection à la présidence. Mais ensuite, "à ma grande surprise", le président Obama m’a demandée d’être secrétaire d’Etat, a-t-elle souligné.
Aide de 4,4 millions de dollars
"Je sais que la souffrance du peuple libérien a été grande et profonde mais maintenant, vous avez une chance de prendre position contre le passé et pour un avenir digne de votre sacrifice", a ajouté Mme Clinton, que les parlementaires ont applaudie debout.
Les Etats-Unis se sont toujours beaucoup impliqués dans l’histoire du Liberia, pays indépendant depuis 1847, mais qui a ensuite été dirigé quasi exclusivement par la minorité des Américano-Libériens.
Mme Clinton a annoncé l’octroi d’une aide de 4,4 millions de dollars pour l’équipement du nouvel aéroport de Monrovia. Au total, Washington apporte deux milliards de dollars au Liberia pour soutenir le processus de paix.
Le Liberia est situé sur le golfe de Guinée, une région stratégique pour l’approvisionnement en pétrole des Etats-Unis. Et la compagnie américaine Firestone y exploite la plus vaste plantation d’hévéas au monde.
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