Emmanuel Bia : « Africatrucks vise la place de numéro un »
Partenaires au sein de la coentreprise Africatrucks, les belges Bia et Alcopa entendent bousculer le marché des poids lourds dans les pays francophones en devenant les distributeurs exclusifs du chinois Foton.
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Connu comme l’un des principaux distributeurs d’engins destinés aux travaux publics et aux mines, Bia a fondé Africatrucks en 2012, avec Alcopa. La filiale est spécialisée dans la distribution de petits camions, de poids lourds et de remorques sur le continent. Dans un secteur dominé par les véhicules d’occasion, les deux groupes belges (respectivement 238 millions et 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires) ont misé sur le premier constructeur mondial : le chinois Foton. Emmanuel Bia décrypte pour Jeune Afrique les spécificités des marchés du continent et affiche ses ambitions.
Jeune afrique : Qu’est-ce qui a poussé le groupe Bia à fonder la société Africatrucks, spécialisée dans la distribution de camions ?
Emmanuel Bia : Nous avions déjà fait une expérience dans ce secteur dans les années 1980-1990 au Congo, mais ce n’était pas une priorité. Aujourd’hui, notre groupe souhaite se diversifier afin de poursuivre son développement. Le marché des poids lourds offre de bonnes opportunités, même s’il y a déjà des acteurs sur ce créneau.
Quand les activités de votre nouvelle filiale ont-elles été lancées ?
Nous avons débuté en octobre 2012 en Côte d’Ivoire et, six mois plus tard, au Cameroun. Depuis Abidjan, nous gérons également les marchés du Burkina Faso et du Mali. Quant à notre succursale de Douala, elle supervise aussi le Tchad. Au total, nous employons une quarantaine de personnes. Par ailleurs, nous envisageons d’ores et déjà d’étendre nos activités à d’autres marchés francophones, comme la RD Congo.
l'image" class="caption" style="margin: 4px; border: 0px solid #000000; float: left;" />Quels sont vos objectifs ?
Nous visons la place de numéro un partout où nous sommes présents. C’est déjà le cas en Côte d’Ivoire, sur le segment des petits camions avec une charge utile de 3,5 t, où nous réalisons 30 % des ventes. Pour le moment, nous avons vendu une centaine de véhicules en Afrique, mais ce n’est qu’un début.
Vous distribuez la marque Foton. Pourquoi avoir opté pour un constructeur chinois ?
Le marché des véhicules neufs est dominé par les constructeurs chinois, car ils sont 30 % à 50 % moins chers que leurs homologues européens. Il n’y a que dans des secteurs très particuliers, telle l’industrie du bois, que des marques comme Renault ou Mercedes dominent toujours. Mais il s’agit d’une niche, les acheteurs y disposent de moyens considérables et préfèrent travailler avec des constructeurs qu’ils connaissent bien. Par ailleurs, nos camions correspondent parfaitement aux besoins des clients africains. Leurs moteurs répondent aux normes antipollution Euro 2. Peu sensibles à la qualité du fioul, ils sont faciles à entretenir car ils embarquent peu d’électronique, contrairement aux modèles vendus en Europe à présent. D’ailleurs, l’évolution des normes commence à limiter le nombre de véhicules exportables en Afrique, même si le marché de l’occasion représente encore plus de la moitié des camions vendus.
Reste que les véhicules chinois n’ont pas toujours une excellente réputation en matière de qualité…
Ce qui est encore vrai, parfois, des voitures ne l’est pas des camions. Le marché chinois est le plus important au monde. Notre partenaire a tout de même produit plus de 680 000 camions en 2011, contre environ 35 000 pour Renault. Par ailleurs, nos véhicules sortiront tous de l’usine que Foton a montée avec le constructeur allemand Daimler, reconnu pour son savoir-faire.
Vous dites avoir négocié l’exclusivité dans cinq pays, pourtant certains concurrents continuent de distribuer les camions Foton dans votre votre zone…
Effectivement, nous avons l’exclusivité, mais les groupes chinois ne sont pas encore matures par rapport à ce type de clauses. Nous faisons le forcing auprès de l’usine pour faire respecter notre contrat. Pour le moment, cela ne pose pas vraiment de problème, car nous nous différencions par la qualité de notre service après-vente.
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Quel est le délai pour obtenir des pièces de rechange ?
Grâce à notre équipe basée en Chine, nous sommes capables de faire venir certains éléments en vingt-quatre heures. En outre, nous disposons de stocks de pièces dans nos succursales, ainsi que sur le port d’Anvers.
Nous consacrons énormément de temps à l’optimisation de notre approvisionnement. Auparavant, il pouvait être difficile de trouver des pièces de rechange pour les véhicules chinois, mais la situation évolue. Dans ce domaine, nos compétences sont reconnues, et des marques concurrentes nous sollicitent pour acheminer certaines commandes.
Foton a ouvert une usine de camions au Kenya en 2012. Savez-vous si le constructeur a des projets similaires en Afrique de l’Ouest ?
À ma connaissance, ce n’est pas prévu pour le moment.
Pour créer Africatrucks, vous vous êtes associé à un autre groupe belge, Alcopa. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre partenaire ?
C’est un distributeur de voitures, de pick-up et de camions qui vend environ 90 000 véhicules par an, notamment en Belgique. Il contribue au projet par ses compétences logistiques. Dans cette aventure, il a vu une occasion de venir en Afrique, un continent qu’il connaît mal bien qu’il détienne une participation dans la filiale Suzuki en Afrique du Sud.
Sa présence à vos côtés signifie-t-elle que vous allez vous lancer dans la distribution de voitures ?
Pas à court terme.
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