Attentat contre Trump : l’insidieux pas de deux entre virilisme et complotisme

Entre compassion pour Donald Trump et condamnation d’une polarisation politicienne outrancière, certains dirigeants africains tenteront-ils de tirer des leçons de cet événement pour modifier leur manière de faire de la politique ?

 © Damien Glez

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Publié le 15 juillet 2024 Lecture : 2 minutes.

Depuis les images virales de l’attentat contre Donald Trump, lors d’un meeting en Pennsylvanie, le blessé semble moins groggy que le reste du monde. Environ une minute après que l’oreille du candidat républicain à la présidence a été touchée par un projectile, l’ancien président brandissait le poing en scandant le mot « fight ! » – « combattons ! » –, le visage traversé d’un filet de sang. Un appel au combat qui venait à point nommé, dans une campagne électorale qui pourrait lui faire retrouver le bureau ovale.

Bien que les États-Unis aient déjà connu des assassinats au plus haut niveau et même si les motivations militantes du tireur Thomas Matthew Crooks ne sont pas encore avérées, les acteurs politiques du monde entier n’avaient d’autres choix que de compatir et de dénoncer, de façon générique, toute forme de violence en démocratie. Que la bestialité soit verbale ou physique, elle ne semble pas avoir disparue des terrains politiques, lors du passage d’un siècle à l’autre…

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La gangrène populiste

Dans bien des pays d’Afrique, d’Europe, d’Asie ou d’Amérique latine, la tension semble même être montée d’un cran, ces dernières années, sur les circuits du pouvoir, comme le prolongement épidermique d’une déception généralisée à l’égard de la démocratie et de la diplomatie. Également répandu sur la planète, le populisme distille des noms d’oiseaux, à l’égard d’adversaires devenus ennemis, et des théories que l’on croyait révolues, sur l’usage d’une violence présumée acceptable.

Au sommet des instances politiques, le virilisme connaît un regain d’énergie délétère qui chauffe les militants à blanc, souvent à grand renfort de mensonges. Parfois violentes, des rues légitimes, éblouies ou corrompues saccagent alors leurs cibles ou subissent une répression qui tue, y compris sous des régimes sénégalais ou kenyans censément républicains. De quoi décomplexer des régimes d’exception, de la Guinée au Soudan…

La violence, cousine du complotisme

Les observateurs des coups de feu de Pennsylvanie ont à ce point été habitués aux choix violents du camp de la victime du jour – du militantisme pro-armes à l’assaut du Capitole – que certains ont cru à une mise en scène. Face à un Joe Biden accusé de faiblesse présumée sénile, Donald Trump apparaît opportunément comme un martyr renaissant de ses cendres. C’est là qu’apparaît le caractère insidieux du pas de deux entre virilisme et complotisme.

En Afrique comme ailleurs, aucune violence ne devrait conduire à la légitimation d’une barbarie réciproque, de même qu’aucun goût pour les « vérités alternatives » ne devrait plonger les adversaires dans un doute irraisonnable. Nourrie d’agressions jihadistes mâtinées de fariboles géopolitiques, la propagande gangrène ainsi des nations africaines qui avaient fait un bout de chemin républicain remarquable.

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Donald Trump est incontestablement de la trempe de tous ceux qui craignent les contre-putschs tout autant qu’ils affectionnent les fables de tels complots. L’ancien président ne manque d’ailleurs pas d’adeptes africains, jusque dans les palais, lui qui ne démontra pourtant que du mépris pour le continent.

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