A Maiduguri, la Croix Rouge redoute le choléra
Les forces de l’ordre ont intensifié samedi leurs patrouilles à Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria, où la présence de nombreux cadavres faisaient craindre à la Croix-Rouge l’apparition du choléra après des combats impliquant la secte « Taliban ».
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Après une semaine d’affrontements meurtriers déclenchés par les extrémistes islamistes, un correspondant de l’AFP a croisé des dizaines de soldats en armes et des policiers anti-émeutes à tous les points stratégiques de la ville, fouillant les voitures et effectuant des contrôles d’identité auprès de tous les passants.
La police nigériane a annoncé ce week-end l’arrestation de 36 membres de la secte radicale "Taliban", dont deux Nigériens, près d’Abuja.
Les islamistes se rendaient à Lagos, dans le sud-ouest du pays, au dernier jour des combats jeudi.
La police nigériane a indiqué samedi avoir secouru 230 femmes et enfants enlevés dans plusieurs Etats du nord et transportés de force par la secte "Taliban" dans son fief de Maiduguri, durant les combats meurtriers de cette semaine.
Corps en décomposition
Alors que le calme régnait dans la ville, ce correspondant a compté 34 corps en décomposition dans les quartiers de Bayan, Muna Garage et Ngobari-Costain, trois des cinq zones où les combats ont été les plus violents.
Une responsable du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Halima Bulama, a expliqué samedi que le CICR craignait "l’apparition de maladies comme le choléra à cause de la présence de corps en décomposition dans les rues, ce qui constitue un risque sanitaire important".
Dans Ngomari-Costain, une odeur nauséabonde emplissait l’air alors que la morgue de l’hôpital universitaire de Maiduguri débordait de corps, selon des sources hospitalières.
Un autre employé du CICR dans la région, Ibrahim Aliyu, a estimé que les cadavres devaient être rapidement "enlevés pour éviter tout danger sanitaire".
Un épicier de Ngomari-Costain, Usman Madi, 35 ans, affirmait "prier pour que les autorités enterrent dans une fosse commune les corps en décomposition ou demandent publiquement aux familles de venir les chercher".
Sécurité renforcée
Selon un porte-parole du gouvernement, Usman Chiroma, "le gouvernement est en train de travailler pour évacuer les cadavres des rues de Maiduguri. "
"Nous avons mobilisé des hommes et des équipements pour ce travail. Mais c’est un travail énorme étant donné le manque de moyens humains", a-t-il assuré.
Les forces de sécurité ont fait face cette semaine dans quatre Etats du nord du Nigeria à des violences menées par la secte islamiste extrémiste, durant lesquelles plus de 600 personnes ont trouvé la mort, selon la police et des témoins.
Le chef d’état-major de la Défense, le général Paul Dike, qui s’est rendu à Maiduguri vendredi, a affirmé que "l’armée passerait au peigne fin chaque pouce de terrain pour s’assurer que de tels événements ne se produiront plus".
"Nous sommes mobilisés et nous avons les capacités d’écraser toute attaque contre la sécurité du Nigeria", a-t-il ajouté.
Incertitudes sur les conditions de la mort de Yusuf
Le chef des "talibans" nigérians, Mohamed Yusuf, 39 ans, a été tué durant les combats de Maiduguri jeudi soir, mais les circonstances de sa mort font l’objet de critiques de la part d’organisations de défense des droits de l’Homme.
La police du Nigeria a une nouvelle fois démenti samedi avoir exécuté le chef de la secte islamiste "Taliban", mort jeudi soir dans de violents affrontements à Maiduguri.
Selon un responsable policier, le chef islamiste a été tué dans une fusillade alors qu’il tentait de s’échapper mais, selon un autre, Mohamed Yusuf a été abattu peu après sa capture.
Sa mort est "la meilleure chose qui pouvait arriver" au pays, a estimé vendredi la ministre de l’Information, Dora Akunyili.
"Je pense que les forces de sécurité ont essayé de l’arrêter mais si leurs vies était en danger, elles ont dû se défendre", a-t-elle ajouté.
Amnesty International a demandé vendredi l’ouverture d’une enquête sur la mort du chef islamiste et accusé les forces de sécurité de "meurtres illégaux". Selon l’ONG, les "responsables de la chaîne de commande qui ordonnent ou tolèrent des meurtres illégaux par leurs subordonnés" doivent être traduits en justice.
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