Le bonnet jaune revient à Black Panda, vainqueur de la quatrième édition de Mon premier Montreux Afrique. L’humoriste brazzavillois Eddy Dorian Moulounda Malanda – son nom à l’état civil –,  l’a emporté sur sept autres concurrents (un Burkinabè, deux Camerounais, un Ivoirien, un Gabonais, un Togolais et un Congolais de RDC) lors de la finale qui a eu lieu à l’Institut français de Kinshasa, le 10 juillet. Il représentera donc l’Afrique francophone à l’édition internationale de cet événement, le Montreux Comedy Festival, en Suisse, en novembre prochain, sur la prestigieuse scène de l’Auditorium Stravinski.

Le titre de son sketch – « L’humour-médecin » –, cet étudiant en dernière année de médecine à l’Université Marien-Ngouabi, à Brazzaville, ne l’a pas cherché bien loin. « La médecine, un environnement parfois triste en raison des maladies, et l’humour, une recette qui apporte de la joie, c’est un bon mélange », glisse-t-il.

Laëtitia Mampaka, Valéry Ndongo et Thierno Thioune

Pourtant, pour Black Panda, rien n’était écrit d’avance. Il fallait passer par les castings, organisés dans chacun des pays africain participant, puis affronter les demi-finales, le 25 avril à Abidjan. Retenu parmi les huit finalistes, le jeune homme a pu suivre des masterclass à Kribi, au Cameroun, du 17 au 26 juin, dispensés par trois grands noms de l’humour francophone : la Belgo-Congolaise Laëtitia Mampaka, le Camerounais Valéry Ndongo et la Franco-Sénégalaise Thierno Thioune. « J’avais peur de participer aux castings. Ma petite amie m’y a encouragé. Je lui dédie cette victoire, ainsi qu’à ma mère et à mon défunt père, qui, là où il est, doit être fier de moi », indique celui qui a entamé sa carrière artistique en 2019.

Le mois de novembre 2024 sera décisif pour Black Panda. Il doit à la fois terminer ses études de médecine et concourir au Montreux Comedy Festival.

Fondé en 1989 par Grégoire Furrer, le Montreux Comedy Festival est considéré comme le plus grand rendez-vous francophone de l’humour. Sa 35e édition aura lieu du 13 au 23 novembre 2024. À en croire Ludivine Bonjoux, directrice artistique de Mon Premier Montreux – et membre de son jury en finale –, Black Panda a tous les atouts pour s’y distinguer. « Il a de la prestance, il “habite” la scène et interagit facilement avec le public. Il sait, aussi, adapter ses thèmes. Il ne vit pas à Kinshasa, mais, dans son sketch, il a fait des références à la culture de la RDC. On a, en outre, apprécié le regard qu’il portait sur lui-même », détaille-t-elle.

Avec le soutien de Canal+

Pour mettre son talent en avant, Black Panda va profiter de l’audience du Montreux Comedy Festival ainsi que de celle de Canal+, qui était l’un des partenaires de la 4e édition de Mon Premier Montreux Afrique. Fort de 7,6 millions d’abonnés, le diffuseur dispose d’une audience estimée à 40 millions de téléspectateurs sur le continent.

Déjà producteur de programmes de stand-up, qui contribuent à faire connaître les jeunes humoristes africains, Canal+ s’est engagé à accompagner le parcours des lauréats de Mon Premier Montreux Afrique. « Le but est d’avoir un vivier de talents pour nos événements et pour nos émissions. Ces artistes doivent pouvoir transmettre leur expérience à d’autres, par le biais de Canal+ University, qui est notre label de formation », souligne Grâce Loubassou, directrice des relations institutionnelles et des projets sociétaux de Canal+ en Afrique.

Cette large exposition médiatique des acteurs du secteur contribue à l’essor de l’humour professionnel en Afrique, constate Clément Michels, directeur artistique de Mon Premier Montreux. « La grande différence par rapport à la première édition est que les candidats sont de mieux en mieux formés et qu’ils maîtrisent les bases du stand-up, observe-t-il. Par exemple, à Brazzaville, je n’avais jamais vu autant de talents lors d’un casting. C’est aussi grâce au travail de coaching d’humoristes comme [le Congolais] Juste Parfait. »

S’il a parfois été contraint de marquer une pause dans ses activités artistiques pour se consacrer à ses études, Black Panda se lance désormais le défi de combiner ses deux passions. « J’ai deux métiers, deux salaires, comme tout bon Congolais », se vante-t-il avec… humour.