Paris et Abidjan à couteaux tirés

L’élection présidentielle censée sortir la Côte d’Ivoire de la crise politico-militaire née en 2002 suscite un brusque accès de tension entre Abidjan et Paris, sur fond d’interrogations sur la tenue le 29 novembre de ce scrutin reporté depuis 2005.

Publié le 30 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

A l’origine de ces tensions, des propos prêtés au président français Nicolas Sarkozy et rapportés par des médias, évoquant des "promesses fallacieuses" d’élection en Côte d’Ivoire. Selon des proches du président ivoirien Laurent Gbagbo, Sarkozy aurait également jugé Gbagbo "pas digne de confiance".

L’Elysée n’a pas souhaité faire de commentaire.

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Le nouvel ambassadeur de France à Abidjan, Jean-Marc Simon, a parlé mercredi d’"exagérations" au sujet des propos attribués au président français. "Certaines choses n’ont certainement pas été dites", a-t-il ajouté.

Il s’efforçait de clore ce nouvel épisode des relations tumultueuses entre la France et son ancienne colonie.

La semaine dernière, devant le Conseil de sécurité, l’ambassadeur ivoirien à l’ONU Alcide Djédjé avait le premier tonné contre des propos "injustes". A sa suite, Charles Blé Goudé, chef des "patriotes" et fer de lance des manifestations antifrançaises au plus fort de la crise, a fustigé une "provocation".

"Le temps où depuis Paris on enlevait les présidents africains comme on le voulait est révolu", s’est indigné Laurent Dona Fologo, président du Conseil économique et social (CES).

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Enfin mercredi, à l’issue d’une réunion à laquelle participait la Première dame Simone Gbagbo, le Congrès national de la résistance pour la démocratie (CNRD), regroupant les mouvements pro-Gbagbo, a pourfendu "l’attitude belliqueuse" de Nicolas Sarkozy, et "mis en garde les autorités françaises contre une répétition des événements de novembre 2004". 

Report de la présidentielle inévitable

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Les tensions entre la France et la Côte d’Ivoire, pays en crise depuis le coup d’Etat manqué de septembre 2002, avaient atteint à cette époque leur paroxysme, avec des affrontements meurtriers entre l’armée française et des manifestants ivoiriens.

Depuis lors, les relations s’étaient peu à peu réchauffées, jusqu’à ce que sonne officiellement l’heure de la "normalisation" avec l’élection de Nicolas Sarkozy en 2007.

Rendant un hommage indirect à Sarkozy, dont le pays est un partenaire-clé du processus de paix, Gbagbo avait confié récemment dormir "d’un sommeil profond" depuis le départ de son prédécesseur Jacques Chirac, qu’il accusait de chercher à le chasser du pouvoir.

Selon des sources concordantes, le regain de tension entre les deux pays trouve son origine dans une confidence faite en juin à l’Elysée par le directeur de cabinet du président ivoirien, Paul David N’Zi. Ce dernier aurait alors jugé inévitable un report de la présidentielle.

Reporté depuis la fin du mandat de Gbagbo en 2005, le scrutin est désormais prévu le 29 novembre, mais cette date est considérée avec scepticisme par nombre d’acteurs politiques et diplomatiques, en raison des défis encore à relever.

Candidat probable à sa succession, Laurent Gbagbo n’a pas "envoyé" son collaborateur pour délivrer un tel message à l’Elysée, martèle cependant son entourage, réaffirmant que le 29 novembre demeure un objectif réalisable.

L’ONU a exigé de nouveau jeudi le respect de ce calendrier.

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