L’armée malienne se désolidarise d’une vidéo « d’une rare atrocité assimilable à du cannibalisme »

Au Mali, les forces armées ont annoncé l’ouverture d’une enquête après la diffusion sur les réseaux sociaux, le 16 juillet, d’une vidéo montrant un homme vêtu de leur tenue et mutilant un corps.

Insigne des FAMa (Forces Armees Maliennes) sur le bouclier pare-balles d’un soldat malien appartenant à la force conjointe du G5 Sahel, stationnée à Boulikessi. © FREDERIC PETRY/Hans Lucas via AFP

Insigne des FAMa (Forces Armees Maliennes) sur le bouclier pare-balles d’un soldat malien appartenant à la force conjointe du G5 Sahel, stationnée à Boulikessi. © FREDERIC PETRY/Hans Lucas via AFP

Publié le 18 juillet 2024 Lecture : 2 minutes.

Dans une vidéo insoutenable, l’on voit un homme éventrer un corps avec une machette. Il échange en langue bambara avec d’autres hommes, également en treillis. Ensemble, ils évoquent les organes dont ils pourraient se nourrir. Le premier suggère de « manger son foie pour le petit déjeuner », le tout dans une ambiance décontractée qui rend la scène encore plus terrifiante.

Si depuis le début de la crise sécuritaire au Mali des images d’une violence inouïe circulent régulièrement sur les réseaux sociaux, cette vidéo a particulièrement choqué. Et pour cause, l’homme affairé sur le corps arbore une tenue et des insignes des Forces armées maliennes (FAMa), ce qui a poussé la hiérarchie militaire à prendre la parole. Dans un communiqué daté du 16 juillet, les FAMa dénoncent un contenu « d’une rare atrocité assimilable à du cannibalisme ».

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Accusations répétées

« L’état-major général des armées et l’ensemble des FAMa se désolidarisent de cette vidéo et assurent que ces pratiques sont contraires à l’éthique, aux valeurs, et aux us et coutumes de notre armée », peut-on y lire. Pour l’heure, aucune information n’a été rendue publique sur la date ou le lieu où la vidéo a été tournée. Les FAMa ont affirmé tout mettre en œuvre pour en « confirmer l’authenticité et [identifier] l’individu ».

La junte fait régulièrement face à des accusations d’exactions envers les civils par les organisations de défense des droits humains. En mars 2022, un rapport de l’ONU avait affirmé qu’au moins 500 personnes ont été exécutées par les militaires maliens et leurs supplétifs russes au cours d’une opération dite « antiterroriste ». Une mise en cause réfutée par l’armée, qui avait annoncé ouvrir une enquête sur le travail de l’organisation.

L’ONG Human Rights Watch a également dénoncé l’exécution de dizaines de civils lors d’opérations antijihadistes par des soldats maliens et des combattants « étrangers » assimilés aux paramilitaires russes du groupe Wagner. « Ces abus ont été commis lors d’opérations militaires menées en réponse à la présence de groupes terroristes dans les villages de Ouenkoro, Séguéla, Sossobé et Thioffol » dans le centre, et dans les régions de Mopti et Ségou, depuis décembre 2022, pouvait-on lire dans le rapport.

Le gouvernement malien avait annoncé l’ouverture, par le Procureur de la République, « d’une information judiciaire contre X pour crime de guerre et crime contre l’humanité « .

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