Fesman : d’un report à l’autre

Le Festival mondial des arts nègres (Fesman) avait créé l’événement pour sa première édition en 1966 au Sénégal sous l’égide du « poète-président » Leopold Sédar Senghor. Mais depuis deux ans, la troisième édition, à Dakar, va de report en report.

Publié le 25 juillet 2009 Lecture : 3 minutes.

Le gouvernement sénégalais a une nouvelle fois dû reporter cette manifestation, prévue en décembre 2009, une année marquée par l’élection pour la première fois d’un président noir aux Etats-Unis, Barack Obama, qui a fait début juillet son premier déplacement en Afrique subsaharienne, au Ghana.

"Le report était nécessaire, parce qu’on sentait que le comité d’organisation n’avait pas conscience de l’ampleur de la tâche", a déclaré à l’AFP Modou Mamoune Faye, journaliste culturel au journal Le Soleil (pro-gouvernemental).

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"Reporter le Fesman" entame, selon lui, la "crédibilité du Sénégal".

Quatrième report

Et mardi soir, un communiqué du conseil des ministres a définitivement entériné le 4e report du Fesman.

"Conformément au souhait de plusieurs acteurs culturels de la diaspora et du pays pour faire reporter le Fesman, il a été décidé en toute indépendance et en toute souveraineté du report de la tenue de la 3e édition du Fesman", indique le texte. Il avait été reporté en 2007, deux fois en 2008 et cette année.

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Pour l’heure, aucune nouvelle date n’a été retenue. Selon le même communiqué, "la date définitive sera fixée d’un commun accord avec le Brésil", d’abord simple invité avant d’être récemment intégré à l’organisation du festival.

Début juillet, "nous avons reçu une délégation brésilienne qui est venue travailler avec nous", précise le Français Jean-Pierre Pierre Bloch, directeur de l’agence Médiatique, chargée d’organiser les spectacles et le "off" du Fesman.

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20 milliards de FCFA de budget

D’après la direction du Fesman, le budget avoisine les 20 milliards de FCFA (30,5 millions d’euros).

Mais, avec cet énième report, "les organisateurs vont encore y mettre de l’argent. Ce sera la quatrième fois que l’on votera un budget pour le Fesman, ça fait lourd", avertit Gilles Arsène Tchedji, journaliste culturel au Quotidien, un journal privé sénégalais.

Le Sénégal avait organisé la première édition du Fesman en 1966, sous l’égide du président Senghor (1960-80), qui avait invité le "chantre de la négritude", le poète français originaire des Antilles, Aimé Césaire, décédé en avril 2008 à l’âge de 94 ans.

Le président Abdoulaye Wade, 83 ans, au pouvoir depuis 2000, voulait en faire le plus grand événement culturel du continent.

Mais "inviter 200. 000 personnes, c’est trop. Il faut revoir nos ambitions à la baisse et réduire le nombre d’invités à 5. 000 personnes", estime le journaliste du Soleil.

Monument de la "Renaissance africaine"

De grands travaux ont été lancés pour l’événement comme un nouveau théâtre national, entièrement financé par la Chine, à hauteur de 21,3 millions d’euros. L’édifice, d’une capacité de 1. 800 places, "sera prêt en 2010", assure-t-on à l’ambassade de Chine au Sénégal.

Autre symbole du festival: le monument de la "Renaissance africaine", sur une colline de Dakar donnant sur l’océan.

Présentée comme étant plus haute que la statue de la Liberté de New York, elle a été conçue par l’architecte sénégalais Pierre Goudiaby Atepa, "sur une idée" du président Wade, et est construite par une société nord-coréenne.

Pas de mobilisation africaine

Elle représente une famille de héros sculptée en bronze et doit être livrée en novembre 2009. Mais son style qualifié par ses détracteurs de "stalinien" et son coût dans un pays en pleine crise économique font déjà polémique.

"Le Fesman est incertain, conclut Massamba Mbaye, président de l’association de la presse culturelle du Sénégal, il n’y a pas de mobilisation africaine autour de l’événement".

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