La réforme silencieuse du champ religieux par le roi

Commandeur des croyants (Amir al Mouminine), le roi Mohammed VI, qui célèbre aujourd’hui ses dix ans de règne, a insufflé un vent de modernisme dans le champ religieux en lançant en 2004 une vaste réforme en pleine montée des courants islamistes radicaux.

Publié le 23 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

C’est une révolution silencieuse, qui intervient dans une conjoncture également caractérisée par l’anarchie des fatwas (avis religieux) amplifiées par les chaînes satellitaires arabes et les sites internet.

Cette réforme porte sur la restructuration du ministère des Affaires islamiques, la révision de la législation sur les lieux de culte ainsi que la modernisation de l’enseignement religieux dans le royaume. Une commission a aussi été créée pour donner des avis religieux sur des questions d’intérêt général et réglementer les fatwas.

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En 2008, l’opinion internationale s’était émue de la fatwa du cheikh Mahgraoui, qui dirigeait l’Association Dar Al Quran à Marrakech (centre), autorisant le mariage des filles dès l’âge de neuf ans. Cette fatwa avait été condamnée par le conseil supérieur des oulémas (théologiens officiels) et l’association avait été fermée.

La même année, Mohammed VI avait annoncé une réforme du conseil supérieur des oulémas, des imams et des mosquées. La communauté marocaine établie à l’étranger n’avait pas été oubliée et un conseil des oulémas pour les Marocains d’Europe avait été créé.

Reprise en mains

En juin dernier, concrétisation de cette reprise en main avec le lancement d’un programme de mise à niveau des imams, qui encadrent les croyants, exercent dans les villes et les campagnes.

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"Nous avons 45.000 imams au Maroc et les statistiques de 2006 ont démontré que 82% d’entre eux n’ont aucune formation de base. Ils ont juste appris le coran par coeur", explique le ministre des Affaires islamiques Ahmed Tawfiq.

Dans la même optique, des prédicatrices ont été formées, preuve qu’un vent d’ouverture et de modernisme commence à souffler sur le champ religieux.

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La réforme touche aussi l’Institut supérieur d’études islamiques (Dar Al Hadith Al Hassania). Cette école, qui enseignait jusqu’ici uniquement les sciences islamiques, a introduit de nouvelles disciplines comme les études religieuses comparées, les langues, anciennes et vivantes, et les sciences sociales et économiques.

La réforme s’est aussi concrétisée par le lancement d’une chaîne de télévision et une radio dédiées à l’islam.

Vent de modernisme

L’octroi de bourses de recherche pour les imams, les prédicateurs et les lauréats de l’université des sciences religieuses Quaraouiyine de Fès (centre) pour étudier dans des universités anglo-saxonnes sont quelques-unes des autres facettes de cette réforme.

Pour éviter des fatwas comme celle du cheikh Maghraoui, le secrétaire général du Parti (islamiste) renaissance et vertu (PRV) Mohamed Khalildi estime qu’"un théologien doit aussi avoir des connaissance en psychologie et en médecine. Il ne suffit plus d’avoir un diplôme en études islamiques pour être théologien".

Pour Mohamed Hamdaoui, président du Mouvement unicité et réforme (MUR), une association proche du Parti (islamiste) justice et développement (PJD), "le vrai défi est de pouvoir répondre à la demande des Marocains en matière de fatwas plutôt que de s’adresser aux muftis des chaînes satellitaires du Moyen-Orient".

En dix ans de règne, Mohamed VI a ainsi insufflé un vent de modernisme sur le champ religieux au Maroc, marqué pendant des décennies par le conservatisme et la léthargie.

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