Présidentielle en Tunisie : Kaïs Saïed se déclare officiellement candidat pour un nouveau mandat
Le chef de l’État tunisien l’a annoncé dans une vidéo diffusée vendredi 19 juillet : « J’annonce officiellement ma candidature à l’élection présidentielle du 6 octobre prochain. »
Le président tunisien Kaïs Saïed, au pouvoir depuis 2019 et accusé de dérive autoritaire par ses détracteurs, a annoncé sans surprise vendredi qu’il briguerait un nouveau mandat lors de l’élection prévue le 6 octobre. « J’annonce officiellement ma candidature à l’élection présidentielle du 6 octobre prochain pour poursuivre le combat dans la bataille de libération nationale », a déclaré Kaïs Saïed, dans une vidéo diffusée par la présidence.
Parlant depuis la région de Tataouine, dans le sud tunisien, il a affirmé répondre à « l’appel sacré de la patrie ». « J’appelle tous ceux qui s’apprêtent à parrainer [des candidats] à se garder de toute sorte de malversation », a-t-il ajouté. « Je les appelle aussi à n’accepter aucun centime de la part de personne et s’ils le font, je ne leur pardonnerai jamais. »
Des opposants empêchés de candidater
En s’emparant de tous les pouvoirs en 2021, Kaïs Saïed, 66 ans, a fait vaciller la jeune démocratie tunisienne née de la première révolte du « Printemps arabe » en 2011. Depuis le printemps 2023, les principaux opposants ont été emprisonnés, notamment le chef du parti islamo-conservateur Ennahdha, Rached Ghannouchi, et la présidente du Parti destourien libre, Abir Moussi.
Depuis février dernier, une vingtaine d’opposants et personnalités, qualifiés de « terroristes » par Kaïs Saied, ont été emprisonnés et sont « accusés de complot contre la sûreté de l’Etat ». Des ONG, dont Amnesty International, ont dénoncé « une chasse aux sorcières motivée par des considérations politiques ».
Lotfi Mraihi, candidat déclaré à la présidentielle, a été condamné jeudi à huit mois de prison et à une inéligibilité à vie, alors que des ONG dénoncent une multiplication des obstacles pour les rivaux potentiels du président Saïed. Chef de l’Union populaire républicaine, un parti de gauche opposé au président, Lotfi Mraihi avait été arrêté le 3 juillet pour des soupçons de corruption financière.
Les ONG dénoncent la dérive autoritaire
Plusieurs personnalités politiques ayant annoncé leur candidature sont poursuivies en justice ou en prison comme Abir Moussi. Parmi les autres candidats présomptifs emprisonnés, Issam Chebbi, chef du parti d’opposition Al Joumhouri, arrêté le 25 février 2023 pour « complot contre la sûreté de l’État », a retiré jeudi sa candidature faute d’avoir pu obtenir les formulaires de parrainage, selon son parti. Également candidat déclaré, l’ancien ministre Abdellatif Mekki, chef du parti Travail et réalisation et ex-dirigeant d’Ennadha, a été interdit le 12 juillet de quitter le territoire.
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Amnesty International a dénoncé cette semaine un « durcissement de la répression contre l’opposition » en Tunisie après l’arrestation du secrétaire général d’Ennahda, Ajmi Ouirimi, et de deux membres du parti. De son côté, l’ONG tunisienne I Watch a dénoncé des « procédures compliquées » pour le scrutin d’octobre, notamment pour les postulants se trouvant en détention préventive, ainsi qu’ »une absence méthodique de transparence » de l’Instance organisant les élections (Isie).
(Avec AFP)
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