Retrait de Biden, menaces des Houthis : visite bousculée du Premier ministre israélien à Washington

Le déplacement de Benyamin Netanyahou intervient après neuf mois de guerre entre l’armée israélienne et le Hamas à Gaza, qui ont crispé les relations entre Israël et les États-Unis, son premier allié et soutien indéfectible.

Les familles des otages israéliens détenus par le Hamas manifestent à l’aéroport de Tel Aviv, le 21 juillet 2024, pour faire pression sur le Premier ministre israélien avant son départ pour les États-Unis. © Menahem Kahana / AFP

Les familles des otages israéliens détenus par le Hamas manifestent à l’aéroport de Tel Aviv, le 21 juillet 2024, pour faire pression sur le Premier ministre israélien avant son départ pour les États-Unis. © Menahem Kahana / AFP

Publié le 22 juillet 2024 Lecture : 4 minutes.

Le Premier ministre israélien se rend en début de semaine à Washington, où il devrait prononcer un discours devant le Congrès le 24 juillet, une visite bousculée par le retrait de la course à la Maison Blanche de Joe Biden, ce 21 juillet.

Travailler sur l’après

Le président israélien Isaac Herzog a été un des premiers à réagir à l’annonce du retrait du président américain, en remerciant Joe Biden « pour son soutien inébranlable au peuple israélien ». « En tant que premier président américain à s’être rendu en Israël en temps de guerre […] et en tant que véritable allié du peuple juif, il est un symbole du lien indéfectible entre nos deux peuples », a-t-il écrit sur X.

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Ces derniers mois, Washington s’était cependant agacé des conséquences de la riposte d’Israël à l’attaque du Hamas le 7 octobre sur son sol, insistant régulièrement sur la protection des civils à Gaza et l’entrée de l’aide humanitaire. Avec le Qatar et l’Égypte, Washington tente également de relancer les négociations pour un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. « Il est essentiel de s’assurer qu’on a un plan en place, ce sur quoi on travaille chaque jour, avec les partenaires arabes, avec Israël, (…) pour la gouvernance, la sécurité, l’aide humanitaire, la reconstruction » de Gaza, a estimé le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken. « Et j’imagine que les discussions avec le Premier ministre (israélien) vont se concentrer autour de ça », a-t-il ajouté.

Lors de sa visite, d’une durée encore incertaine, Benyamin Netanyahou rencontrera le président Joe Biden le 23 juillet, selon un communiqué diffusé avant l’annonce du retrait de Joe Biden de la course à la Maison Blanche. « L’atmosphère n’a jamais été aussi tendue (…) en particulier entre la Maison Blanche et le Premier ministre israélien », commente Steven Cook, spécialiste du Moyen-Orient au cercle de réflexion américain Council on Foreign Relations.

Ce n’est d’ailleurs pas à l’invitation de la Maison Blanche mais à celle des chefs parlementaires républicains et démocrates que Benyamin Netanyahou se rend à Washington. Dans leur invitation, les quatre chefs de la Chambre des Représentants et du Sénat ont écrit : « Nous sommes avec l’État d’Israël dans sa lutte contre le terrorisme, notamment en ce moment où le Hamas retient toujours captifs des citoyens américains et israéliens et que ses chefs mettent en danger la stabilité régionale ».

Le déplacement intervient alors que la pression internationale s’accentue sur Israël, en raison du bilan humain de la guerre, mais aussi de la poursuite de la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée. Le 19 juillet, la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute juridiction de l’ONU, a jugé « illicite » la présence continue d’Israël dans le territoire palestinien occupé (Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est et bande de Gaza), estimant que celle-ci devait cesser « dans les plus brefs délais ».

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Autres fronts

Sur le terrain, les rebelles yéménites ont menacé Israël d’une « réponse énorme » à ses frappes meurtrières contre le port de Hodeida, toujours en flammes, dans une nouvelle escalade régionale liée à la guerre dans la bande de Gaza, entrée dans son dixième mois.

Israël est de plus en plus mis sous pression par ses ennemis. Alliés de l’Iran, les rebelles yéménites Houthis ainsi que le Hezbollah libanais ont ouvert des fronts contre lui, en « soutien » aux Palestiniens du territoire assiégé.

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Au lendemain d’une attaque de drone meurtrière sur Tel-Aviv menée par les Houthis, Israël a bombardé le 20 juillet le port stratégique de Hodeida tenu par les rebelles dans l’ouest du Yémen en guerre, faisant, selon eux, six morts et des dizaines de blessés. L’armée israélienne a affirmé que la zone portuaire ciblée servait de « route d’approvisionnement principale pour l’acheminement d’armes iraniennes » vers le Yémen, dont « le drone utilisé » contre Tel-Aviv.

Alors que les pompiers s’emploient à éteindre incendie provoqué par les raids israéliens au port de Hodeida, point d’entrée clé pour le carburant et l’aide humanitaire au Yémen, les Houthis ont réitéré leurs menaces contre Israël. « La réponse à l’agression israélienne (…) est inévitable et sera énorme », a averti leur porte-parole militaire, Yahya Saree. Le chef des rebelles, Abdel Malik al-Houthi, a lui déclaré que ces frappes conduiraient à « de nouvelles attaques visant Israël ». D’autres opérations contre les Houthis suivront « s’ils osent nous attaquer », a dit de son côté le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant.

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Plus proche que le Yémen, le front avec le Hezbollah au Liban est marqué par des hostilités quasi-quotidiennes à la frontière commune. Le 21 juillet, l’armée israélienne a bombardé deux dépôts « de stockage d’armes du Hezbollah » dans le sud du Liban. Elle a ensuite fait état de la chute de roquettes tirées du Liban dans le nord d’Israël. Le Hezbollah a ensuite revendiqué plusieurs attaques de roquettes et de « drones explosifs » sur des positions israéliennes.

Dans la bande de Gaza, la guerre ne connaît pas de répit. Dimanche, les soldats israéliens ont mené une vaste opération à Rafah (sud). Selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, 38.983 personnes ont péri à Gaza, essentiellement des civils, depuis le 7 octobre.

(Avec AFP)

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